Mercredi 11, pour atteindre le Monte Alben, nous choisissons l’itinéraire le plus long mais le moins pénible car Paul en a assez de conduire sur des routes tortueuses et éprouvantes. Ainsi, un peu avant midi, nous atteignons Serina à 805 mètres d’altitude et un peu plus haut Cornalba à 889 m. Là sur un banc, à l’ombre parcimonieuse de quelques hauts et minces épicéas, nous nous installons pour déguster notre repas. Celui-ci terminé, seul Paul reste sur place tandis que le reste du groupe se met en marche. Bientôt, d’ailleurs Xavier nous fausse compagnie et s’en retourne vers Paul. Nous, les trois dames continuons à herboriser et à noter les espèces rencontrées parmi lesquelles, voici : Aquilegia atrata, Campanula carnica, Carduus nutans, Cyclamen purpurascens, Daphne mezereum, Erica carnea, Eupatorium cannabicum, Euphorbia dulcis, Hepatica nobilis, Hippocrepis emerus, Lamium galeobdolon, Linaria cymbalaria, Melica nutans, Origanum vulgare, Phyllitis scolopendrium, Potentilla caulescens. Sur les premiers rochers proches de notre point de départ, nous aurions dû voir la rare Saxifraga petraea ainsi que l’endémique Campanula elatinoides. Hélas, «  que nenni ! » Continuons malgré tout ! Sur notre droite, un petit pré est complètement recouvert d’Erigeron annuus et, un peu plus loin à gauche, un panneau indique Monte Alben. Nous progressons donc maintenant sur une sente montueuse passant devant une chèvrerie d’où sortent des chèvres et des chèvres recherchant la compagnie des humains. L’étroit sentier filant à travers la forêt, devenant de plus en plus glissant et malaisé, Maryse et moi décidons de faire demi-tour. Voici quelques espèces extraites de la liste effectuée sur ce sentier : Arabis turrita fructifié, Cardamine heptaphylla, Dorycnium pentaphyllum, Globularia cordifolia, Hypericum montanum, Plantago media, Prunella vulgaris, Sambucus nigra, Ulmus montana, Viola tricolor. Revenues sur le bon chemin, nous le continuons mais brusquement il se termine sur une curieuse et angoissante zone évasée où il est interdit de pénétrer à cause d’un risque d’avalanches. Que de déceptions en ce Monte Alben ! Rejoignons, avec Michèle, elle aussi revenue du sentier, les messieurs, et partons bien vite en voiture car le trajet sera long jusqu’à l’Alpe Cainallo. A partir de Lecco, Paul préfère emprunter la route de Valsassina qu’il connaît depuis hier. A part Salvia glutinosa, commune dans toute l’Italie, aperçue sur un sentier qui nous paraissait propice à la découverte de plantes nouvelles, rien. De nouveau en voiture mais arrêt un peu plus loin, non pas pour des fleurs, mais pour photographier sur l’eau du lac, un magnifique reflet du soleil jouant à cache-cache parmi les nuages. Enfin ultime arrêt avant Cainallo qui va nous donner le plaisir d’apercevoir tout en haut d’un rocher fort heureusement inaccessible, une magnifique touffe de Campanula raineri en pleine anthèse. Aux alentours nous notons, entre autres, Orobus vernus, Salvia verticillata, Lomeliosa ex Scabiosa graminea, Teucrium chamaedrys, Teucrium montanum.

Monte-Alben vu de Cornalba
Aquilegia atrata
Campanula carnica
Euphorbia dulcis
Hepatica nobilis
Hippocrepis emerus
Lamium galeobdolon
Linaria cymbalaria
Origanum vulgare
Asplenium scolopendrium
Erigeron annuus
Valsassina : chèvres
Cardamine heptaphylla
Globularia cordifolia
Plantago media
Sambucus nigra
Salvia glutinosa
Reflet du soleil sur le lac de Côme
Campanula raineri
Salvia verticillata

Jeudi 12, nous prenons à pied, la direction de la Bocchetta del Cimone, où nous avons le plaisir d’admirer et de photographier Telekia speciosissima qui se distingue de Telekia speciosa par ses tiges uniflores. Dans le cirque où nous parvenons, s’y trouve une plaque de toute beauté. Là finalement nous renonçons à atteindre le refuge Bietti à 1719 mètres, car le parcours pour s’y rendre se déroule uniquement dans la forêt. En redescendant, nous ne manquons pas d’admirer l’hôtel où nous avions pris pension pour la nuit, niché dans un écrin de verdure, avec en toile de fond, le lac dominé de montagnes. Puis en voiture : par un itinéraire indiqué par notre charmante hôtelière, nous filons plein nord sur Verceia, Chiavenne, Madesimo. Au-dessus du lac de barrage de Montespluga, à 1 km du col de Splugen, arrêt botanique comme prévu. Le substrat lithologique composé de roches métamorphiques riches en quartz et de roches sédimentaires carbonatées permet la présence de bien des espèces parmi lesquelles nous relevons Androsace chamaejasme, Coeloglossum viride, Daphne striata, Galium helveticum, Gentiana acaulis et brachyphylla, Hieracium villosum, Ligusticum mutellinoides, Potentilla crantzii, Primula hirsuta All. et integrifolia, Silene acaulis et Trifolium thalii. La courte herborisation terminée, arrêt dans un café-restaurant où nous dégustons un délicieux potage ainsi qu’un savoureux gâteau : cela nous change des sempiternels casse-croûtes. Puis par le col du Saint-Bernard, le nord du lac Majeur, nous atteignons Santa Maria Maggiore où nous prenons pension pour la nuit. Toutefois notons qu’avant d’atteindre cette localité, les rochers presque de partout étaient tapissés de rosettes de Saxifraga cotyledon, hélas sans hampes de fleurs. Par contre nous avons eu plus de chance avec le beau Peucedanum austriacum, lui en pleine floraison.

Cainallo : Terrasse de l’hôtel
Vue depuis l’lhôtel de Cainallo
Autre vue depuis l’hôtel de Cainallo
Telekia speciosissima
De la Boccheta del Cimone : vue sur l’hôtel
De la Boccheta del Cimone : vue sur le lac de Côme
Lac de barrage de Montespluga
Androsace chamaejasme
Coeloglossum viride
Galium helveticum
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Hieracium villosum
Champ de primevères
Primula integrifolia en haut, hirsuta All. en bas
Saxifraga cotyledon

Vendredi 13, après une dernière nuit en Italie, nous prenons le chemin du retour en France. Les bords de la route toujours très étroite, continuent d’héberger les Saxifraga cotyledon. Bientôt c’est la frontière que dorénavant on franchit sans même s’en apercevoir. Et puis nous voici en face de l’hospice, à l’endroit où nous herborisâmes l’an passé. En sorte de pèlerinage nous faisons de même cette année. Mais Paul ayant hâte de rentrer, pressons-nous. Dans la vallée supérieure du Rhône, surpeuplée, nous roulons maintenant : mais pas moyen d’y trouver un endroit tranquille pour le pique-nique ! Après Thonon où enfin nous parvenons, nous rejoignons l’autoroute qui nous permet d’arriver assez vite à Saint-Etienne. Là, nous laissons Michèle qui auparavant nous invite à nous reposer et à nous désaltérer. Enfin nous regagnons Saint-Just Malmont où nous faisons le point que voici : malgré quelques contrariétés, quelques contretemps et peu de fleurs rares ou inconnues rencontrées, ce voyage nous a permis de connaître des sites reculés, certains presque inaccessibles et de toute beauté.

(suite)

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