Bulgarie 7
Jeudi 24 juin
Nous avions l’intention ce matin, d’emprunter le télésiège pour atteindre la hutte du Musala (du Mont d’Allah), à 2376 m , afin d’y herboriser dans les alentours. Hélas, les télésièges n’entreront en service que dans une semaine !
Mais un peu plus loin, sur la route de Plovdiv sur laquelle nous roulons, est indiquée la direction du chalet Marica. A coup sûr ce chalet se situe dans les parages du Musala. Nous voici donc suivant une piste qui peu à peu s’élève dans la forêt où nous apercevons bien des espèces mais somme toute plutôt communes. En voici l’énumération en commençant par celle des arbres : Abies alba, Acer pseudo-platanus, Picea abies, Pinus sylvestris, Sorbus aucuparia.
Quant aux espèces herbacées ce sont les suivantes :
Achillea grandifolia, Campanula moesiaca, Campanula patula, Chaerophyllum hirsutum, Chamaecytisus hirsutus, Cirsium appendiculatum, Epilobium angustifolium, Euphorbia amygdaloides, Geranium sylvaticum, Geum coccineum, Lilium martagon, Linaria genistifolia, Lonicera caerulea, Luzula multiflora, Lychnis viscaria, Myosotis sylvatica, Petasites alba, Polygonum bistorte, Sambucus racemosa, Saxifraga rotundifolia, Scleranthus perennis, Silene alpina, Silene roemeri.
Brusquement la piste est bloquée par un amas de broussailles et de rochers. De là, vue magnifique, mais mince consolation : demi-tour obligatoire. Nous revoici donc au petit parking où était indiquée la direction du chalet Marica. Entre temps s’y est installé un restaurant de plein-air. Comme il est midi nous n’hésitons pas un instant à nous y attabler. Le repas terminé, direction du massif de Vitosa dominant Sofia. A 16 heures nous voici à Aleko, au pied du Cherni Vrah (le Pic Noir), culminant à 2286 m . Après avoir rapidement revêtu la tenue de montagne, nous commençons à gravir la pente escarpée afin d’atteindre le sommet. C’est là le domaine de plantes subalpines et même alpines. Voici donc Salix lapponum aux belles feuilles argentées, Juniperus nana, Pinus mugo, nos trois airelles, Arctostaphyllos uva-ursi ainsi que, tout de même, l’éricacée orientale, déjà vue, Bruckenthalia spiculiflora. En outre nous notons : Dianthus microlepis, Jasione bulgarica, Pedicularis orthantha, Potentilla aurea subsp chrysocaspeda, Campanula patula et en abondance, Campanula alpina.
Deux heures après le début de la grimpée, nous arrivons au sommet, à la cabine du téléphérique : une petite pluie fine se met à tomber, un vent froid à souffler mais au loin sur l’immense Sofia qui en bas s’étend, un double arc en ciel dessine une arche de lumière. Bien vite nous entamons la descente et rejoignons nos voitures.
Arrêt un peu plus loin dans un hôtel-restaurant où nous dînerons et passerons la nuit. Dans la salle à manger brûle un joli feu de tourbe… mais on nous installe là où de nombreuses tables sont disposées en arc de cercle tout autour d’une immense baie vitrée. De là, nous jouissons d’une vue époustouflante sur de sombres forêts de conifères qui dévalent depuis l’hôtel jusqu’aux abords de Sofia. Une travée rectiligne et étroite balafre la roide étendue. Par elle des téléphériques peuvent accéder à Aleko et y déposer les riches Sofiotes pressés de savourer un excellent repas dans un cadre très agréable.
Vendredi 25 juin
Nous avons l’intention aujourd’hui d’explorer rapidement les massifs de Galo Bardo et de Konjavskapi. Ratant la route de Galo Bardo, nous prenons celle de Konjavskapi. Peu importe, nous commencerons par visiter cette région présentant un grand intérêt pour les botanistes bulgares car elle subit une forte influence méditerranéenne entraînant la présence d’espèces qu’on ne trouve nulle part ailleurs en Bulgarie.
Dans une campagne plutôt aride nous herborisons et notons deux belles molènes : Verbascum anisophyllum et Verbascum speciosum et surtout Inula oculus-christi que Jeannette et moi connaissons de Rijeka près de Trieste. En contrebas, quelques beaux cerisiers aux fruits jaune clair. Une cueilleuse nous fait signe de venir les goûter. Après quoi Gérard émet le désir d’aller visiter Zemenski Monastir.
Nous y voici. Face aux murs qui cernent le monastère, à l’ombre légère d’érables champêtres, croissent Helleborus cyclophyllus, Scutellaria columnae, Delphinium regalis subsp paniculata.
Françoise et Gérard devant nous quitter cet après-midi tiennent, nous disent-ils, à nous offrir un repas d’adieu. Justement, en face du monastère, est une auberge où le maître des lieux va nous concocter un excellent repas bulgare.
Le repas terminé, nous pourrons atteindre Galo Bardo sans avoir à revenir en arrière. Ce massif mérite bien le nom de « montagnes dépouillées ». D’une grande nudité il apparaît, alors que quelques kilomètres plus loin prospèrent de luxuriantes forêts. Pour y faire de fructueuses découvertes il faudrait aller dans la réserve botanique d’ Ostriza qu’on ne peut atteindre qu’à pied et disposer pour cela d’un jour complet, au moins.
Donc abandon de ce projet de prospection… et ce sont les adieux. Pendant cinq à six kilomètres nous roulons de concert puis nos amis prennent à droite, nous à gauche. La route est étroite, sinueuse, dangereuse si bien que lorsque nous apercevons de belles plantes inconnues, il nous est impossible de nous arrêter.
La fin de la journée approche. Ne trouvant aucun hôtel à notre convenance, nous pénétrons dans la ville de Mihajlovgrad où nous allons au meilleur hôtel car le parking y est gardé jour et nuit. Il donne sur une immense place rectangulaire à l’arrière de laquelle se détachent des immeubles neufs sur fond de montagnes. Au restaurant, avant de rejoindre nos chambres, nous discutons avec un journaliste bulgare ayant passé plus de cinq ans à Paris.
Samedi 26 juin
Nous voici ce matin sur la route de Vadin traversant champs de blé alternant avec champs de tournesols. Mais la route de Béogradcik où nous voulons nous rendre n’est nulle part indiquée. Nous tournons et retournons jusqu’à ce qu’enfin nous parvenions à une ville dominée par de curieuses formations rocheuses. C’est là que se trouve la vieille forteresse turque que nous voulons visiter. Arrêt et grimpée jusqu’aux fortifications et même au-delà. En effet nous sommes attirés par les nombreux sentiers serpentant parmi un dédale de roches gigantesques, toutes plus ou moins fantasmagoriques les unes que les autres.
En redescendant du fort, nous avons le plaisir de découvrir les belles rosettes de Jovibarba heuffelii, joubarbe hantant les Carpates et la péninsule balkanique.
La visite terminée, le repas bien vite pris, en route pour Vidin où nous parvenons à 15 h 45. A la sortie de la ville, désagréable surprise : une queue de quelque deux cents camions qu’il est toutefois permis de doubler. Cela n’empêche pas une attente de cinq heures avant de pouvoir embarquer sur le bac. Au débarquement, hélas, les désagréments ne sont pas terminés. Du fait que nous avons quitté la Roumanie depuis une bonne quinzaine de jours, notre visa n’est plus valable. Nouvelle attente pour en obtenir un nouveau. A deux heures du matin seulement nous quittons la frontière sans hôtel en vue. Paul, malgré toutes les histoires de tziganes détrousseurs racontées par des concessionnaires français de Honda nous dissuadant de rouler la nuit, décide de prendre la route. A 4 h du matin nous pénétrons dans le grand hôtel de Turnu Severin où sans problème des chambres nous sont attribuées. Jusqu’à 9 h nous y dormirons.

Mihajlovgrad à Lom
Dimanche 27 juin
A 10 h 30 nous quittons l’hôtel après avoir donné quelques pièces de monnaie à des jeunes ayant lavé notre voiture. Nous nous dirigeons bien sûr vers le nord et passons devant l’immense barrage sur le Danube construit par les Roumains et les Serbes. A 16 h 15, frontière roumano-hongroise avec là encore longue file de camions qu’on peut doubler. Malgré tout, cela prend bien une heure. Puis nous suivons la route de Budapest, ensuite nous la quittons et suivons la direction du Lac Balaton. Malheureusement nous aboutissons sur une piste sablonneuse dans un site désertique colonisé par Asclepias syriaca, plante naturalisée en France, entre autres, près de Serrières. Demi-tour et arrêt dans les environs du Balaton, à Soft, où nous est servi un délicieux sandre du lac.
Lundi 28 juin
Du Motel Park, ce matin, en route pour le Lac Balaton où nous faisons en outre, en voiture, le tour de la presqu’île Tihany. Dans une partie boisée de la route, croît Astragalus cicer . Puis arrivée dans la jolie station balnéaire de Tihany. De là, un aller-retour d’une dizaine de kilomètres nous permet d’admirer le petit lac thermal de la péninsule, dont la température en hiver n’est jamais inférieure à 24 degrés. Plus loin au bord du lac où nous photographions Stachys palustris, nous prenons la direction de Topalca. Peu après voici la grand-route et la frontière austro-hongroise que nous passons à 17 h 30. Arrêt en Autriche à l’hôtel Maier où les chambres, grandes et richement meublées, sont inondées de lumière. Le lendemain matin, l’hôtelière nous demandera les noms des herbes aromatiques qu’elle cultive en son jardin.
Mardi 29 et mercredi 30 juin
En Autriche, cette année, nous nous contentons de rouler, rouler… En Suisse le soir, quelques difficultés à trouver un hôtel abordable…
Le lendemain, nous quittons l’hôtel enfin déniché pour rouler encore sans discontinuer jusqu’à Grenoble où nous laissons Jeannette, puis jusqu’à Saint-Etienne.
(suite) 1993 de Valsenestre au Mont-Froid
Views: 4