Jeudi 22, au matin, nous prenons la route qui, de Gabès à Matmata, s’étire plein sud dans un morne paysage steppique, dans lequel nous apercevons quelques fleurs telles Convolvulus supinus, Chrysanthemum coronarium. Et brusquement change le paysage : toujours des collines arides mais coupées de mini oasis où apparaissent Lygeum spartum et Stipa tenacissima . Arrêt bientôt à Tijma aux portes de Matmata où nous notons la magnifique borraginacée Echiochilon fruticosum ainsi que les plantes suivantes : Calendula aegyptiaca, Diplotaxis crassifolia ex harra, Genista microcephala var. Tripolitana, Koehlpinia linearis, Matthiola longipetala, Matthiola lunata, Scabiosa arenaria, Trigonella monspeliaca subsp leiocarpa. Puis un peu au-delà, nous voici à l’ancienne Matmata, toute petite cité criblée de cratères artificiels où ont été construites de curieuses habitations troglodytiques. On descend dans ces excavations cylindriques d’une dizaine de mètres de profondeur et de 8 à 12 mètres de diamètre par un escalier à flanc de paroi et on parvient à une sorte de cour où se trouvent un puits, un ou deux palmiers, quelques autres plantes. Tout autour de la cour, sont creusées des habitations curieusement reliées entre elles par un tunnel. Nous visitons certaines de celles-ci, les unes transformées en hôtels, les autres en musées. Nous remontons ensuite et roulons en direction de Médénine et pour cela près de Toujane nous devons passer. Auparavant, arrêt pique-nique sous un oléastre, où à proximité nous notons Cistus clusii, Helianthemum vesicarium, Scorzonera undulata. Et le périple reprend dans un paysage désolé, dépourvu d’indications routières. Ah ! Si les GPS avaient alors existé ! Près de Toujane nous passons donc et après bien des difficultés nous voici à près de 17 h à l’entrée de Médénine où nous devons trouver deux Tunisiens botanistes connus lors d’un stage à Bédarieux. N’ayant pu les contacter par téléphone, nous nous dirigeons vers les ghorfas que nous visitons. Les ghorfas sont des sortes de greniers aménagés dans un ksar, village fortifié. Actuellement à Médénine ils servent d’entrepôts à des tapis et à divers objets destinés à la vente. Après la visite nous recherchons l’hôtel Dakyanus où nous désirons prendre pension.
Vendredi 23, aux abords de l’hôtel Dakyanus, je jette un coup d’œil à la flore et photographie de beaux Convolvulus supinus. Puis dès la sortie de l’hôtel nous roulons sur la route de Tataouine à partir de laquelle nous trouverons celle de Chenini. Au bout de 2 à 3 km de parcours, déjà un arrêt dans un magnifique et reposant paysage où fleurissent des plantes, magnifiques elles aussi, qui sont : Limonium thouinum et surtout pruinosum, Erodium hirtum et le spectaculaire Erodium glaucophyllum. A celles-ci, nous pouvons ajouter Lygos sphaerocarpa, Trigonella monspeliaca, Linaria laxiflora, Matthiola longipetala subsp kralikii, Moricandia arvensis var. fontanesii ainsi qu’Astragalus annularis. Après cette fructueuse herborisation, remontée en voiture et traversée d’un village peu intéressant pour nous ; mais 4 km au-delà, voici l’ancien Chenini étageant ses habitations troglodytiques sur le versant d’une montagne. C’est, paraît-il, le seul ksar encore habité en Tunisie. Après une balade en ces lieux, nous voici sur une piste grimpante nous menant, en pleine nature hostile, à la Mosquée des Sept Dormants, visitée sous la conduite d’un guide berbère aussi intéressant que sympathique. A Douiret, maintenant nous allons. Il faut pour cela revenir sur la route de Tataouine, filer plein sud sur 2 à 3 km, prendre à droite sur une distance à peu près semblable. Mais avant d’atteindre le site, au bord d’un oued à sec nous nous arrêtons encore pour herboriser et noter des plantes jamais vues jusqu’alors telles Hedysarum carnosum, Centaurea contracta, endémique de la Cyrénaique et de la Tripolitaine, Chrysanthemum fuscatum ainsi que Launaea resedifolia. Et voici que nous apparaît Douiret étagé sur une montagne pyramidale. Après nous être restaurés à l’ombre d’un mur de l’Auberge de Jeunesse, nous acceptons l’offre d’un guide et avec lui visitons l’ancienne mosquée souterraine ainsi que les habitations troglodytiques. La visite terminée, de nouveau en voiture jusqu’au croisement de la route principale. A partir de là, nous nous rendons au pied de Guermessa puis allons à Ghomrassen, la plus importante agglomération du coin dont par contre il ne reste plus que quelques ghorfas et quelques habitations troglodytiques. Cinq km environ plus au nord, c’est Ksar Hadada dont les ghorfas que nous visitons, avaient été, en 1968, aménagées en hôtel, plutôt spartiate. Puis nous faisons un tour à l’extérieur de la blanche mosquée et après cela nous allons nous reposer au café « trois étoiles » où les boissons commandées vont accompagner les « cornes de gazelle » que nous avions achetées à Ghomrassen. De Ksar Hadada nous nous rendons par une toute nouvelle route remplaçant l’antique piste sur Beni Kheddache où nous nous arrêtons quelque peu. Puis au-delà de ce ksar, voici celui de El Hallouf. Enfin, blasés, nous jetons tout juste un regard au dernier que nous devions visiter, Ksar Joumâa, véritable nid d’aigle. Au-delà le paysage est impressionnant, angoissant même avec ses montagnes qui de chaque côté de la route, se dressent, toutes aussi arides les unes que les autres. A Medenine nous arrivons enfin à l’hôtel Ibis où nous sera attribuée une très belle suite aux deux salles de bains.
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