Dimanche 23, avant toute autre chose, nous allons tous faire le plein d’essence à un poste automatisé les jours de fermeture. Après quoi le groupe se scinde : quatre s’en vont à Riva sur le lac de Garde alors que les cinq autres s’en vont en sens inverse en direction du col de Croce Domini à 1892 m, d’où il sera possible d’atteindre le Passo della Portale et de là pousser jusqu’à Dosso Alto à 2065 m. Et nous voici donc à Bagolino. Plus loin, peu avant le col abondent Tanacetum corymbosum, Achillea macrophylla, Stemmacantha rhapontica. A midi nous parvenons au Passo Croce Domini où nous nous arrêtons mais ne nous attardons pas car peu d’espèces nous intéressent. Continuation et un peu plus loin nouvel arrêt devant une roche essentiellement recouverte de Saxifraga paniculata, toujours polymorphe, mais aussi de Potentilla caulescens, de Calamintha alpina. Dans le pré voisin scintillent les fruits plumeux de la pulsatille des Alpes. Sur d’autres roches s’épanouissent Astrantia minor, Alnus incana, Adenostyles glabra etc. De la plate-forme où sur de belles pierres nous nous installons pour le pique-nique, nous pouvons contempler bien des plantes bénéficiant d’un mince filet d’eau, mais que nous connaissons déjà. L’en-cas terminé, comme de coutume, pendant que Paul se repose, nous herborisons et notons en grande abondance Saxifraga rotundifolia dont les feuilles rondes se mêlent aux feuilles non moins rondes de Cardamine asarifolia à sa limite orientale en Italie. Du relevé établi dans les parages nous extrayons Deschampsia caespitosa, Erigeron uniflorus, Gentiana punctata, Gypsophyla repens, Luzula nivea, Pedicularis verticillata, Rhodiola rosea, Senecio incanus subsp carniolicus. Remontés en voiture, nous apercevons alors Bupleurum stellatum très abondant en bord de route. Plus loin une piste grimpe vers de gigantesques radars. Arrivés au Passo Maniva, nous y trouvons un refuge et une chapelle abandonnés. Le brouillard qui depuis un moment nous accompagnait, se fait de plus en plus dense, puis il commence à pleuvoir. Mieux vaut alors abandonner au plus vite les pistes devenues glissantes. Nous roulons désormais en direction du Val Trompia que nous allons quitter à Brozzo. Arrivés là, nous empruntons la route qui mène à l’extrémité sud du lac Idro. Peu de temps après, arrêt pour de magnifiques œillets pas photographiés à cause du mauvais temps donc pas déterminés. A peine plus haut, à l’orée d’un bois de feuillus, croît un impressionnant Peucedanum verticillare, et un peu partout sur les talus, fleurissent les délicats Anthericum ramosum. Et nous voici enfin sur une des rives du lac Idro. Jusqu”à Mezzolago où nous arriverons bientôt, ce sera le même trajet qu’hier.
Lundi 24, tous en chœur nous filons sur Trente pour accompagner Michèle à la gare où nous la laissons à 10 h 45. Nous partons alors comme convenu pour le Mont Baldo, bien que sa flore y soit, dit-on, loin de la renommée qu’on lui avait attribuée. Et nous voici sous la pluie sur une des nombreuses petites routes quadrillant la montagne. Depuis la voiture nous nommons Peucedanum verticillare, Senecio inaequidens, Verbascum lychnitis, Campanula trachelium. Actuellement nous traversons des forêts où aux fayards et épicéas se mêlent des cerisiers. Comme la pluie a cessé, dans une vaste clairière fort bien aménagée, nous nous arrêtons. Après nous être restaurés, nous arpentons une sente, bordée d’un côté d’une belle mégaphorbiaie et de l’autre, curieusement d’une vaste étendue de framboisiers dont nous picorons les fruits. Puis de nouveau c’est la forêt. Baste ! Au cours d’une courte herborisation, nous notons une quarantaine de plantes parmi lesquelles Allium insubricum, Aposeris foetidum, Campanula bononiensis et trachelium, Cirsium erisithales, Clinopodium vulgare, Dryopteris affinis, Geranium nodosum et phaeum, Lathyrus vernus, Lilium bulbiferum, etc. Cette petite reconnaissance effectuée nous remontons en voiture et plus ou moins au hasard nous nous dirigeons. Au col San Valentino à 1425 m nous passons et alors apercevons trois beaux pieds de Peucedanum verticillare ainsi que de la fougère aigle, rare en ces lieux. A la sortie d’un tunnel, arrêt pour Genista radiata qu’on ne voit guère en France de même qu’en Italie. Puis un autre pour admirer de bien belles gentianes croisettes et bien d’autres espèces relativement communes chez nous. A Bocca di Navene nous marquons encore un arrêt mais cette fois pour admirer tout en bas le lac de Garde dont le miroir scintillant apparaît ou disparaît au gré des nuages mouvants. Puis nous foulons un petit chemin au bord duquel fleurissent Campanula trachelium ainsi que trois apiacées qui sont Laserpitium siler, Ligustum lucidum, Buphtalmum salicifolium. Maintenant nous prenons la direction du refuge du Monte Baldo. Partout autour de nous abonde Gentiana lutea. Enfin on décide de prendre le chemin du retour : direction Avio, nous dit Victoria. Sur les rochers pas mal de Potentilla caulescens puis Campanula rapunculoides devient fréquente. De jolis Cyclamen purpurascens égaient les talus recouverts par endroits d’Epimedium alpinum, bien entendu défleuris en été. Quant aux roches suintantes, elles sont entièrement tapissées de capillaires de Montpellier. Enfin nous retrouvons le lac de Garde et sa flore méridionale : oliviers, lauriers roses et j’en passe… Arrêt à Malcesine avant le retour à notre hôtel de Mezzolago.
Mardi 25, nous quittons définitivement l’hôtel de Mezzolago. Sur une douzaine de kilomètres, encore la route du Passo Croce Domini et, alors, direction de Tremalzo. Un peu au-delà du village est un beau refuge, le refuge Garda à 1794 mètres d’altitude, près duquel se garent les trois voitures. Paul reste dans la nôtre à écouter de la musique. Quant aux autres , la piste étant en réfection, il leur faut aller à pied. Nous voici donc partis sous la bruine qui ne nous empêche pas d’admirer un muret de pierres où le jaune des Corydalis lutea fait chanter le violet des Campanula carnica. Surplombant le muret, des éboulis se dorent sous la somptueuse floraison de corydales encore, où se cachent quelques Viola dubyana . Un peu plus haut des rochers accueillent d’assez nombreux Silene elisabethae , des plaques de Saxifraga caesia et dans les anfractuosités de bien belles touffes de Physoplexis comosa. De l’autre côté d’un tunnel, le paysage change, la flore aussi. Nous y admirons deux belles stations de Saxifraga mutata. Mais peu avant l’endroit où ont lieu des travaux, nous nous sentons obligés, bien à contre coeur, de rebrousser chemin. Les plantes les plus spectaculaires ayant été vues, nous profitons de ce retour inopiné pour dresser une liste d’une soixantaine d’espèces tout de même moins attractives, et dont voici quelques-unes : Aconitum vulparia, Aquilegia atrata, Aspleniuim adianthum-nigrum et trichomanes, Athamantha cretensis, Carex baldensis et ferruginea, Chamaecytisus hirsutus, Erica carnea, Gymnadenia odoratissima, Lilium bulbiferum, Paederota bonarota, Rhododendron hirsutum, Rosa pendulina, Salix appendiculata, Senecio rupestris, Sideritis hyssopifolia, Silene pusilla, Tofieldia calyculata, Veronica fruticans. Au retour pique-nique avec Paul et après la pause-café au refuge, départ au plus vite, car pour rejoindre Tambre, ce sera plutôt long et difficile. Tout d’abord retour à Mezzolago puis aller à Riva, de là remontée sur Trente où nous prenons la route du Val Sugana à l’est. Ensuite par de nombreuses petites routes nous parvenons à Santa Giustina. Derrière la petite cité s’alignent, menaçants sous un ciel de plomb, les innombrables sommets des Dolomites de Belluno. A partir de cette ville c’est un incroyable dédale de routes qui nous permet de rejoindre l’hôtel de Tambre où nous avons retenu. Et là, à 19 h 40 le patron nous reproche d’arriver trop tard et nous ordonne de nous mettre à table illico presto !
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