Samedi 24, à 9 heures, départ de Medenine et remontée sur Gabès où quelques kilomètres avant, les palmiers disséminés jusqu’alors, deviennent de plus en plus nombreux. Voici la ville que nous traversons et où nous n’avons pas vu la direction de l’ « Oasis Maritime ». Demi-tour et entrée dans la palmeraie où nous sommes contraints de suivre six calèches. Tant mieux, on pourra facilement depuis la voiture, examiner les bords de la piste… A la sortie de la palmeraie de Chenini, direction de Gafsa au nord-ouest. La route longe désormais une longue chaîne de montagnes fauves pratiquement dépourvues de végétation. A mi-chemin entre Gabès et Gafsa, un petit village au pied du Djebel Kir culminant à 587 m, offre ses deux mosquées, entourées de petites maisons perchées sur les hauteurs. Au loin des olivettes se profilent sur les montagnes et tout au long de la route abondent Acacia horrida et Peganum harmala. Dans le moindre des hameaux, une école toute neuve, toute blanche, souvent décorée, attire l’attention. Parmi les dunes du bord de route, à l’ombre d’un eucalyptus planté en lisière d’une culture, nous venons de pique-niquer. A 1 ou 2 km de là, s’embranche la route de Djebel Orbata. Le paysage y est particulièrement beau mais la flore peu riche : à part Rumex simpliciflorus var. planivalvis et Rumex vesicarius… A quelques centaines de mètres, nous voici à Bou Omrane au pied du djebel Orbata où nous n’avions pas prévu d’aller. Après un petit tour, nous rebroussons chemin pour gagner la grand-route. A l’approche de Gafsa change le paysage. Quant à la petite ville, bien que se soit, dit-on, la plus pauvre de Tunisie, elle est assez agréable et mériterait d’être visitée si nous avions davantage de temps. A Metlaoui, où nous arrivons, nous allons à la gare pour demander les horaires du « Lézard Rouge », train princier offert par la France au bey de Tunis. Actuellement il est utilisé, à 11 h, par les touristes désirant voir les Gorges de Seldja. Raté pour nous, mais peu importe car nous pourrons atteindre le site par une piste de 7 à 8 km et là enfin herboriser. Cette piste que nous empruntons est bordée d’Echinops spinosus subsp bovei aux capitules d’une dizaine de centimètres au moins de diamètre. A son terminus, les sables sont parsemés de hautes touffes de Limoniastrum guyonianum, endémique saharienne. Dès l’arrêt de la voiture, deux Tunisiens viennent à nous et nous emboîtent le pas. Après une grimpée courte mais raide et la traversée de deux tunnels, nous dominons la faille étroite au fond de laquelle coule l’oued aux eaux polluées par les phosphates exploités en amont. La flore contrairement aux prévisions, est très pauvre et nous ne noterons que trois espèces pas encore rencontrées qui sont : Ononis natrix subsp filifolia, Plantago ovata, Reseda alphonsii qui lui est une endémique algero-tunisienne. Après cette décevante herborisation, retour aux voitures où là nous dédommageons nos guides bien que nous ne leur ayons rien demandé, mais qui finalement nous ont été utiles, affables et aux petits soins avec nous autres les « gazelles », et ont passé près de deux heures avec nous. Sur la route de Tozeur, nous longeons tout d’abord la vallée de l’oued Seldja, puis passons ensuite entre les Chotts El-Gharsa et El-Jerid. Un peu partout de nombreuses barrières de palmes interrompent la progression du sable. Et brusquement, une étendue d’un vert sombre ondule au-delà des sables clairs (l’immense oasis de Tozeur avec ses 300 000 palmiers-dattiers). A Tozeur, arrêt à l’hôtel Continental.
Dimanche 25, enfin, journée de repos jusqu’à 17 heures, tant pour mon époux que pour Xavier. Quant à Maryse et moi, nous quittons l’hôtel et hélons une calèche dont le cocher va nous servir de guide. Tout d’abord, visite du marché car à 11 h il se termine. Rien de rare à part le fait qu’il se tienne dans une aire enclose de murs. Quarante minutes plus tard, avec Zakrou revenu nous chercher, nous allons maintenant visiter l’une des nombreuses briqueteries artisanales colonisant le plateau. Après cette visite, fort intéressante, nous montons au belvédère. C’est là qu’aimait s’installer Abou Kacem Chabbi pour écrire ses poèmes, mais hélas, à 25 ans, la mort l’emporta. De ce belvédère on jouit d’une vue à 360° sur Tozeur, l’ancienne et la nouvelle, sur le désert et sa vaste oasis, sur l’immense Chott El-Jerid. Après quoi remontée en calèche et retour par un autre itinéraire. Arrivés à Tozeur, arrêt devant une boutique artisanale d’état où Zakrou nous propose d’entrer. A la sortie, nous avons droit à une très belle rose des sables, choisie dans un immense carton, rempli à ras bord. Après nous avoir ramenées à notre hôtel, notre guide nous conseille d’aller déjeuner au restaurant du Soleil, ce que nous faisons. Là, excellent couscous, cornes de gazelles et boissons à un prix très raisonnable. A 15 h, Zakrou est là et emmène les deux dames visiter la médina des Ouled el Halef entièrement construite en briques identiques à celles fabriquées sur le plateau. Et de plus, les maisons des riches ne se distinguent pas de celles des pauvres, sauf par les portes, en fibres de palmiers pour les plus modestes, en bois d’abricotier orné de gros clous pour les plus fortunés. Et nous voici maintenant, parcourant en calèche, l’oasis aux 200 000 palmiers. Là, Zakrou ne manque pas de nous signaler tout ce qui est intéressant et notamment la fertilisation artificielle des fleurs femelles de palmiers-dattiers. Puis de nouveau à Tozeur, Maryse et moi délaissons notre guide et partons aussitôt visiter le zoo du Sahara et le soi-disant jardin botanique du Paradis. A 17 h 30 avec nos époux retrouvés, nous partons cette fois en voiture pour Nefta, à 22 km de Tozeur. Arrivés, nous cherchons un endroit propice pour pouvoir jouir de la vue sur la « corbeille de Nefta », qui en fait est une cuvette naturelle de quelque 30 mètres de diamètre, colonisée par les palmiers-dattiers. Sur les parois, se voient aussi les coupoles blanches des nombreuses zaouiyas. Et maintenant après avoir joui de cette vue, de nouveau en voiture en direction de Hazoua. C’est une piste très ensablée qui nous conduit aux portes du désert. Partout, autour de nous, que du sable ; du sable à l’infini. Mais nous sommes là, justement, pour jouir du coucher de soleil sur le désert, à partir de la très haute dune qu’on aperçoit et que Maryse et moi nous atteindrons à dos de chameau, de dromadaire plutôt. Arrivés à la cime, nous nous y asseyons, les pieds ballants et contemplons le désert et les longues ombres noires des gens, des bêtes, des dunes. Le soleil enfin englouti par les sables, à califourchon sur nos montures, nous redescendons. Et voilà, de cette belle journée, on ne peut regretter que l’absence de fleurs.
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