Jeudi 30 novembre

Nous voici, roulant de bon matin sur la N2, le long de laquelle, à la sortie de Cape Town, s’alignent les townships (bidonvilles), baraques soi-disant provisoires… Au-delà, les Acacia saligna, dénommés Port-Jackson, envahissent tout. Enfin nous atteignons Gordon’s Bay où nous empruntons la plus belle route du pays. Sur ses bas-côtés croît la graminée Pennisetum setaceum connue des Canaries, de Gérard et de Françoise ainsi que de moi-même. Arrivés en vue de False Bay, notre chauffeur s’arrête et nous invite à jouir du paysage… et ajoutons, des fleurs ! La Fausse Baie est ainsi appelée car jusqu’au début du 20e siècle, les marins confondaient le cap que nous apercevons avec celui de Bonne Espérance. Bien souvent il leur fallait deux à trois semaines avant de pouvoir sortir de cette baie. Pour nous, ici, quel site unique et, merveilleux : une avalanche de fleurs inconnues bien sûr, curieuses et de toute beauté que nous pourrons énumérer sans toutefois pouvoir toutes les décrire ! Des photos, bien souvent, pallieront ce manque. Le nom des espèces, il convient de le signaler, est souvent dû à Gérard. Voici donc : Aspalathus crenata, fabacée dont le genre est fréquent en Afrique du Sud, Otholobium fruticans, autre fabacée, Lampranthus furvus, aïzoacée aux très nombreux genres et espèces, Ursinia pilifera aux jolis capitules jaunes, Aspalathus juniperina rappelant un peu nos ononis ou même nos genêts, Lessertia ex sutherlandia frutescens aux fruits renflés rappelant ceux de nos baguenaudiers. Reprenant la route, nous nous arrêtons guère plus loin pour de splendides protéacées revêtant les pentes et descendant de l’autre côté de la chaussée jusqu’à l’océan. Près de ces arbustes, des Leucospermum conocarpodendron, on peut admirer de non moins beaux buissons d’immortelles, Phaenocoma prolifera, d’un rose tendre. Puis nous roulons parmi des montagnes aux pentes douces, recouvertes de fynbos. C’est là, la réserve de Gordon’s Bay. On y rencontre entre autres, des bouquets de petits arbres minces et élancés de la famille encore des fabacées, Psoralea pinnata.


Acacia saligna
Acacia saligna en fruits
Alain Lefébure, notre chauffeur
False Bay
Paysage en face de False Bay
Aspalathus crenata
Otholobium fruticans
Lampranthus furvus
Ursinia pilifera
Aspalathus juniperina
Leucospermum conocarpodendron
Leucospermum conocarpodendron
Phaenocoma prolifera
Psoralea pinnata

A 10 h 45 nous pénétrons dans Harold Porter National Botanical Garden. Sitôt arrivés nous longeons la petite rivière qui traverse le jardin. Tout au fond, paraît-il, se trouve l’une des nombreuses espèces de Disa de la région, mais hélas c’est trop tôt, pour la voir en fleur. Quant à la rivière, elle rougeoie en bien des endroits à cause de la présence dans ses eaux de plantes en décomposition telles les Mimetes cucullatus qui colorent de rouge les pentes la surplombant. Sur le chemin du retour, j’accompagne Gérard qui s’en va observer les arbres d’une forêt relicte dont voici quelques-uns : Platylopus trifoliatus ou en anglais white alder bien que ce ne soit pas un aulne ; Ilex mitis, lierre arborescent, Cunonia capensis, Podocarpus latifolius, Cortisia dentata du sud-ouest du Cap et seule espèce de ce genre, autrefois classée dans les cornacées. Au sortir du bois voici divers arbustes appartenant tous à la famille des fabacées, assez semblables de prime abord, à cause de leurs fleurs de tons violacés. Ce sont Virgilia oroboides, Psoralea pinnata déjà vu, Podalyria calyptrata. Plus loin ce sont des massifs de Brunia alopecuroides du groupe des éricoïdes. Au-delà, Nymphoides indica colonise une pièce d’eau. Et tout autour bien des espèces croissent dont une haute et ligneuse apiacée à grandes ombelles dorées et une protéacée affublée du nom vulgaire de wagon tree et dont l’appellation scientifique est Protea nitida, à pieds les uns mâles les autres femelles. Quelques bruyères que nous n’avions pu observer jusqu’alors sont Erica patersonia, grandiflora, porteri. Une quatrième est restée sans nom. Comme bien des plantes de Harold Porter NBJ ne sont pas étiquetées, une magnifique Watsonia ne l’est pas non plus mais semble être Watsonia fourcadei. Voici encore Lanaria lanata, Mimetes hirtus, Senecio rigidus et Tolea barbata l’austral king fern. Bien sûr, en outre nous revoyons des plantes déjà vues hier. Mais l’heure du repas étant largement dépassée, je me hâte vers la seule aire de pique-nique autorisée mais où un affreux serpent me dissuadera de m’installer bien que je n’aie pas la phobie de ces reptiles ; je choisis donc un lieu agréable et dégagé. Après le repas je reprends sans grand enthousiasme la visite du jardin. Seule Cliffortia ferruginea, une des très rares rosacées du Cap, m’intéresse. A part ça, ce n’est plus qu’un fouillis de ce qu’on peut nommer « mauvaises herbes », impossibles à déterminer. Parmi elles j’aperçois toutefois une lobélie, mais laquelle ? Pas une des deux de chez nous, en tous cas ! De guerre lasse je m’assieds sur un banc. Soudain je vois une protéacée arbustive aux centaines de fleurs dorées. Intriguée je me lève et découvre au pied de l’arbuste une famille d’une dizaine de francolins précédés de leur mère. Heureuse de la vision de ce joli tableau, je m’en vais rejoindre mes compagnons de voyage pour leur faire part de cet événement. Mais ils ne verront rien car il nous faut quitter le jardin illico-presto.

Rivière traversant Harold-Porter NBG

Pentes surplombant Harold-Porter NBG

Mimetes cucullatus

Mimetes cucullatus

Platylophus trifoliatus

Ilex mitis

Ilex mitis en fleurs

Cunonia capensis

Podocarpus latifolius

Brunia alopecuroides

Heteromorpha, peut-être trifoliata

Protea nitida – Wagon-Tree

Erica patersonia

Erica grandiflora

Erica porteri

Watsonia fourcadei

Senecio sans nom

Tolea barbata – Austral king fern

Lobelia sp

Et nous voici, après avoir traversé un fynbos de protéacées puis une région herbeuse où paissent des moutons, à l’entrée de la réserve naturelle de Fernkloof, c’est à dire, de la vallée des fougères. Des fougères nous n’en verrons pas car nous n’avons, il est vrai, emprunté aucun des sentiers balisés sillonnant le site. Près d’un bâtiment, s’élève un arbre magnifique, à capitules parfaitement sphériques, formés d’une multitude de fleurs roses. C’est Dais cotinifolia. Derrière lui, de hautes bruyères, Erica onosmiflora, forment une haie. Plus loin, une autre, Erica bauera, plus petite et aux corolles d’un blanc immaculé, attire l’attention. A partir de là nous suivons un chemin longeant une étroite rivière dont les rives sont bordées d’une des fabacées à fleurs mauves, Psoralea pinnata, vue aujourd’hui même, peu avant Harold Porter NBG. Mais voici que j’aperçois la plante qui y était cultivée, mais comme bien souvent, ne portait pas d’étiquette. J’avais alors supposé qu’il devait s’agir d’une protéacée dioïque dont il n’y avait que des pieds mâles. Ici les mêmes plantes sont accompagnées d’exemplaires de forme différente et pourvues d’organes femelles. Nous apprendrons guère plus tard, à une exposition botanique, ici à Fernkloof, que nous avions bien affaire à une protéacée, en l’occurrence Aulax umbellata. Un peu plus loin que ces Aulax, voici d’autres protéacées, dont diverses espèces dioïques du genre Leucadendron et d’autres encore… comme Mimetes cucullatus, omniprésent. Plus loin, enjambant la petite rivière, est un pont que sans réfléchir j’emprunte, persuadée que les autres membres du groupe, tous devant moi, ont fait de même. Et j’avance sur un chemin grimpant, parfois bordé de rochers. Enfin j’atteins un promontoire d’où j’ai vue sur le bel océan ourlé de gros rouleaux d’écume blanche. Alors seulement arrivée là, je me rends compte que personne ne peut être devant moi ! Demi-tour donc sur le sentier surplombant la rivière où dans les pelouses alentour fleurissent diverses immortelles toutes plus belles les unes que les autres. Arrivée au petit pont je vois qu’en face s’amorce une sente qu’à l’aller je n’avais pas vue et qui quelques dizaines de mètres au-delà aboutit à une route au bord de laquelle se trouve un cabanon d’où viennent des voix connues. Dans cette cabane, sur des tablettes, des plantes sont exposées, à gauche des plantes à fleurs, à droite 22 restionacées car ici en effet nous avons affaire essentiellement à ce type de fynbos. A cette exposition, je photographie Berkheya barbata, magnifique astéracée à grand capitule de ligules dorées, pourvu en dessous de bractées à longues épines vulnérantes. Mais nous ne pouvons trop nous attarder car Alain nous attend à l’entrée de la réserve. Dommage ! Tous en chœur, nous nous engageons sur le petit chemin parallèle à la rivière ; mais bientôt il s’en éloigne et s’élève sur les hauteurs toutes proches. Avec regret nous rebroussons chemin mais n’omettons pas d’admirer et de photographier de belles immortelles comme Syncarpha vestita aux bractées d’un jaune pâle et au cœur brun et Phaenocoma prolifera déjà vu à False Bay ainsi qu’Edmondia sesamoides aux capitules d’or à centre mordoré. Et quel plaisir de photographier un caméléon parfaitement immobile le long d’une tige de restionacée et de voir voletant devant nous un oiseau d’Afrique du Sud, peut-être le cap bull bull. Et nous voilà en route avec notre chauffeur qui à Hermanus où se trouve notre hôtel, nous conduit. Alors que de la fenêtre j’admire l’océan, j’aperçois dans le ciel la lune que je crois être à son dernier quartier.

Dais cotinifolia

Erica bauera

Aulax umbellata, Fleurs mâles

Leucadendron sp

Fernkloof : Exposition de fleurs

Fernkloof : Restionacées

Berkheya barbata

Syncarpha vestita

Edmondia sesamoides

Caméléon sp

(suite)

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