Dimanche 10, lundi 11 et mardi 12 décembre
Dimanche 10 au matin, nous partons pour Hout-Bay, petit port de la péninsule au sud de Cape Town. Dans ce joli port de pêche (essentiellement de la langouste), se dressent, nombreux et parallèles, les mâts des bateaux. Peu de temps après notre arrivée, nous embarquons pour une mini traversée jusqu’à l’île des phoques, qui en réalité sont des otaries. Le paysage depuis le bateau est fort beau avec de bien jolies montagnes surplombant l’océan. Et nous voici près de l’îlot principal abritant des otaries par centaines. Certaines d’entre elles effectuent de petits plongeons malgré la basse température des eaux refroidies par le courant froid du Benguela, ne l’oublions pas. De retour sur le quai nous rejoignons la voiture qui traverse actuellement en diagonale, la péninsule, car nous devons atteindre Simons’ Town sur la côte orientale. Là nous pourrons observer des pingouins qui, plutôt sont des manchots. Dans la réserve naturelle que nous traversons, un arrêt botanique qui sera le seul de ce jour, nous est proposé. Là une protéacée à grandes fleurs aux pétales desséchés, ligneux semble-t-il, nous surprend. Comme elle ferait merveille en bouquet ! Un peu plus loin, de minuscules fleurettes blanches fixées aux rameaux directement par le tube des corolles, forment de longues grappes graciles. Il doit s’agir de Struthiola dodecandra. Enfin un petit arbuste déjà fructifié est tout recouvert de jolies baies rouges semblables à d’énormes groseilles disposées non pas en grappes mais une à une, c’est une polygalacée qui se nomme Nylandia = Muraltia spinosa. Mais bien vite il faut repartir. Et nous voici près de Simon’s Town, à Boulders, où des blocs de granite isolent de petites plages bien abritées et bien fréquentées. Mais plus que pour la plage, on vient ici pour voir les manchots. Dans un cadre de toute beauté, ils ressemblent à de petits bonshommes en robe blanche et noir manteau. Certains écartent leurs ailes simulant des bras. On ne se lasse pas de les contempler, mais il se fait tard et nous devons rechercher un restaurant. Alain a une idée. Il nous emmène à Constantia, très ancien domaine viticole aux blanches constructions de style Cape Dutch. Il est presque 14 h lorsque nous pénétrons dans la propriété. Odile comme de coutume se joint à moi pour le pique-nique sous un chêne séculaire au tronc creux. Devant nous d’immenses vignobles s’étendent, agrémentés d’arbres fruitiers. Derrière nous, quelques vignes encore et nature sauvage où fleurissent les agapanthes. Au loin, la ville du Cap surmontée de la montagne de la Table. Nous effectuons maintenant, toutes deux, un petit tour jusqu’à l’antique demeure qu’on peut visiter. Derrière, un jardin plus ou moins délaissé où fleurissent en nombre balisiers jaunes et volubilis violacés. Visites et achats terminés, retour à Stellenbosch. Nous nous rendons dans un restaurant où au menu on ne sert que des produits à base de poissons. Nous dînons dehors en bordure de rue et comme nous n’avons pas chaud, un poêle à butane est apporté et allumé.
Le lundi matin 11 décembre, nous ne partons qu’à 10 heures puisque le rendez-vous avec Madame Huchon-Cointreau, propriétaire du domaine viticole de Morgenhof est fixé à 11 heures. A 10 h 15 nous y voici. En attendant, nous parcourons le parc où nous admirons des bâtiments anciens, blancs comme il se doit et des constructions récentes de couleur ocre. Sur les vastes pelouses ombragées sont installées des tables recouvertes de nappes colorées. Tout autour s’étendent les vignes grimpant à l’assaut des collines au faîte desquelles un récent incendie a ravagé les bois. Tout est déjà nettoyé et de nouveaux cépages de vignes vont les remplacer. Mais voilà qu’arrive Madame Huchon-Cointreau. C’est bien la fille des fabricants de la célèbre liqueur mondialement connue. Délaissant la France, elle investit dans l’acquisition d’une propriété partant à vau-l’eau, ici dans la Province du Cap. Elle vit à Cape-Town avec ses enfants, son époux Monsieur Huchon, fils d’une amie de Françoise. Très affairée, Mme Huchon-Cointreau ne nous parle qu’une dizaine de minutes et charge son plus jeune fils de 17 ans de nous guider dans le domaine. Après avoir dégusté divers vins de sa production, visionné un film sur la famille Huchon-Cointreau à Morgenhof, c’est le départ. Mais à peine sortis du domaine viticole, voici qu’Alain nous introduit dans un autre, celui de Boschendal. Là dans un bâtiment proche de l’antique maison d’habitation, est installée une immense salle de restaurant précédée d’un salon. Au plafond de la salle, d’énormes suspensions débordent de roses… artificielles mais fort bien imitées. Dans la salle à manger, un imposant buffet présente un choix époustouflant d’entrées et de plats principaux. Puis nous pourrons choisir à la fin du repas, fromages variés dont roquefort et camembert importés de chez nous, gâteaux excellents et fruits confits à volonté. Après le repas nous parcourons l’ancienne demeure luxueusement meublée. Puis comme nous sommes au cœur du « coin des Français », nous nous rendons à Franschhoek. Dans l’immense jardin s’élève le monument huguenot construit en 1943. De là nous ne partons pas sans avoir visité le musée de la mémoire huguenote, inauguré lui en 1967. Sa principale fonction est de faciliter les recherches généalogiques sur les quelque 270 huguenots venus se réfugier en 1685 lors de la révocation de l’ Edit de Nantes. Actuellement en Afrique du Sud, 500000 personnes portent un patronyme d’origine française tels que Roux, Joubert, Lambert… par exemple. Nous terminons la visite de Franschhoek par un petit coup d’œil à l’église hollandaise réformée ( comme il se doit ) dont la construction précède de plus de 100 ans celle du petit musée. Et depuis 1980 Franschhoek étant devenu un lieu touristique important, une trentaine de restaurants proposant une cuisine française voire même de nos diverses régions, y prospèrent. Mais comme tout a une fin, il faut bien nous en retourner et revenir à Stellenbosch où une seconde fois, au Decameron, les plats repartiront presque intacts.
Mardi 12, nous allons rester presque 5 heures, de nouveau, dans le merveilleux jardin botanique de Kirstenbosch. Il est vrai qu’hier nous n’avons pas eu la moindre petite plante à contempler, observer ou photographier. Aujourd’hui nous avons l’espoir d’en voir de nouvelles. Et n’oublions pas que cet admirable jardin est la troisième attraction touristique de toute l’Afrique du Sud, après le Parc Kruger et Table Mountain. A 9 heures nous franchissons donc les grilles de l’immense jardin. Dès l’entrée une belle exposition de protéacées déjà nous charme. Cependant peu de protées si ce n’est Protea aristata et une autre peu connue. Les Leucospermum par contre sont nombreux : ceux que nous connaissons déjà, et d’autres tels erubescens, grandiflorum, cuneifolium, tottum, laureolum etc. Abandonnant avec regret ces merveilleuses fleurs en pelotes d’épingles multicolores, pénétrons dans l’immense serre. Un arbre énorme en occupe le centre : c’est un baobab. Sur les côtés se trouvent des espèces moins encombrantes mais parfois bien surprenantes comme par exemple un Ceropegia sp formé d’une longue branche s’échappant d’une sorte de coussin d’une cinquantaine de centimètres de côté, servant de réserve d’eau. Tout près, une curieuse crassulacée, Adromistrus cristatus côtoie la vitacée Cyphostemma sp. Un peu plus loin Euphorbia monteri exhibe de grosses glandes laquées d’un rouge bordeaux. Puis voici Disa uniflora et tripetaloides qui dans la nature ne fleurissent que plus tard. Au sortir de la serre nous empruntons une allée où sont exposées des sculptures de bois, de facture naïve. Et maintenant voici un aperçu sur des espèces non vues lors de la première visite : Ochnea gamostigmata, arbuste aux nombreuses petites baies rouges ; Encephalartos villosus, cycadacée qui fréquente le Drakensberg ; Senecio linifolius qui se trouve dans la région ainsi que des Bergelia ; Protea aurea fréquente elle, le fynbos de montagne et Protea aristata se reconnaît à ses grandes fleurs d’un rouge carmin ; Leucospermum tottum fait rayonner ses étamines longues et dorées ; quant à Leucospermum laureolum, de belles bractées jaune pâle entourent des étamines concolores. Non loin de ces protéacées, je m’en souviens, se trouve le coin des éricacées. On ne peut résister au plaisir d’en voir de nouvelles. Voici donc : Erica capense aux petites fleurs presque sphériques, mauve pâle ; Erica glandulosa, aux longues corolles arquées d’un blanc rosé, pourvue sur ses feuilles de petites glandes bien visibles ; Erica sessiliflora qui porte des bouquets de fleurs blanches ou jaune pâle dépassés par une partie du rameau feuillé ; Erica verticillata aux corolles rares, en tube droit, court et transparent. A proximité des bruyères, de souples glaïeuls roses sans nom. Plus loin un hibiscus jaune à centre noir qui pourrait être Hibiscus diversifolius ou aethiopicus dans l’ouvrage de John Manning sur le fynbos, publié en 2007. Cette parenthèse refermée, revenons à notre relevé. On peut donc voir encore des massifs d’agapanthes, l’olivier du cap, Olea capensis, Cirtanthus brachyscyphus, jolie liliacée à fleurs rouges des côtes sud-tropicales, Schottia brachypetala, sud-tropicale aussi. Pour terminer… une fougère, Blechnum capillare et l’inévitable restionacée Elegia capensis. A 14 h 30, nous partons retrouver Alain qui nous attend car à 15 h 30 nous devons visiter le jardin universitaire sur les conseils de Marc Teissier, fils de Marcel, adhérent de notre club. En définitive, je ne sais pourquoi, cette visite est annulée et remplacée par celle des maisons de Stellenbosch de style Cape Dutch. Dans l’une d’elles, trône sur un guéridon, un magnifique bouquet de protées royales disposées dans un chaudron en laiton à l’aspect d’or fin. Puis de nouveau au restaurant Doorn Bosch pour finir cette journée.
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