Lundi 29, nous décidons de consacrer la journée à l’exploration de la Sierra de Guadarrama. Mais auparavant, visite tout de même de Ségovie et notamment de l’admirable aqueduc romain construit sans mortier avec des blocs de granite de Guadarrama. Puis par de petites rues pittoresques nous atteignons différentes églises ainsi que l’originale cathédrale. L’Alcazar, le château dominant le confluent de l’Eresma et du Clamores, sera admiré de loin seulement. La courte visite terminée, nous partons rejoindre nos amis par la route touristique de Madrid. Bientôt arrêt pour photographier de près Stipa gigantea au-delà du col de Navacerrada où elle croît ici en mélange avec le pastel des teinturiers. Des plantes beaucoup plus petites que ces deux-là, croissent dans les parages. Ce sont Corrigiola telephiifolia, Plantago holosteum, Rumex angiocarpus, Lupinus angustifolius, Thymus zygis, Trifolium gracile… Et nous revoici tous les six. A 1200 m puis à 1400, rien de nouveau si ce n’est la sous-espèce contortum de Sisymbrium austriacum. Ce qui toutefois nous surprend, ce sont les pins sylvestres à fûts droits et robustes de couleur orangée presque jusqu’à la base ainsi que le genêt purgatif croissant à près de 2000 m. A l’orée des pinèdes, on peut voir Gagea soleirolii, Leucanthemum alpinum, Herniaria glabra, Saxifraga cuneata, Erysimum procumbens… Au col nous empruntons la route del Paular, puis 4 à 5 km plus loin nous prenons la direction de Valdesqui, vilaine station de ski où les tourbières à nos pieds livrent tout plein de petites plantes parmi lesquelles en voici quelques-unes : Cruciata glabra, Veronica acinifolia, Campanula herminii, Globularia gracilis, Myosotis personii. Retour sur la route del Paular où vers 1500 m nous avons le plaisir de voir un nouveau genêt, Genista valentina. Cinq kilomètres avant El Paular, bois de chênes pubescents avec encore quelques pins. Là nous dressons encore une liste d’une cinquantaine d’espèces dont Adenocarpus complicatus, Crucanella angustifolia, Lathyrus sphaericus, Lupinus hispanicus, Tuberaria guttata, Linaria angustifolia, Lupinus hirsutus fructifié, Santolina rosmarinifolius. Puis pendant que Paul et moi nous nous reposons, nos amis font une balade dans le Massif des Sept Pics d’où deux heures plus tard ils reviennent avec Narcissus rupicola, Centaurea amblensis probablement. Après les retrouvailles, descente sur le Collado Vilalba. Peu à peu la route devient moins pentue, la vue plus dégagée. Partout c’est une avalanche de fleurs mais déjà vues. A 1200 m le paysage s’humanise : plein de maisons, résidences secondaires de Madrilènes, se nichent dans leur écrin de verdure. Légèrement plus loin, en bordure d’une espèce de steppe, arrêt herborisation de nouveau. Encore Stipa gigantea, deux espèces de thym dont Thymus mastichina, Reseda gredensis, Anthyllis lotoides, Bartsia trixago… Puis d’une seule traite nous atteignons Avila dont nous jouirons d’une vue fabuleuse en nous rendant au mirador de la Cruz de los Cuatro Postes. La ville elle-même nous ne la visiterons pas car il est déjà tard et que pour demain est prévu un lourd programme. Donc allons vite à l’hôtel faisant face au mirador et devant lequel stationnent déjà bien des cars étrangers.
Mardi 30, nous quittons l’hôtel d’Avila au plus tôt et prenons la direction du col de Menza. A partir de là ce ne sont que collines arides colonisées par divers genêts et, à partir de l’embranchement de Hoyocasero une lande de genêts multiflores s’étend sur des hectares et des hectares. Nos amis retrouvés, nous commençons avec eux, à examiner les terrains rocailleux situés en dessous du village. On y recense Evax pygmaea et arenaria aggregata, très abondants, Corrigiola telephiifolia, Valeriana calcitrapa, Trifolium ligustinum, Campanula patula. Après un tour décevant dans un bois de pins nous prenons le chemin d’une chênaie où en outre d’espèces déjà rencontrées, nous en notons une nouvelle ainsi que de beaux buissons d’Adenocarpus hispanicus. Et le sous-bois, d’une grande luxuriance, nous offre… deux espèces différentes de pivoines, croissant côte à côte, mais hélas ici défleuries : Paeonia officinalis et broteroi. Un peu plus loin, ces dernières sont encore écloses si bien que nous décidons, près d’elles, d’y pique-niquer. A proximité nous apercevons Centaurea rhaponticoides décrit pour la première fois d’Hoyocasero. En tout début d’après-midi nous quittons ces lieux pour la Sierra de Gredos. Avant d’y parvenir, arrêt vers 1400 m pour de belles vipérines mordorées, Echium flavum. Aux alentours nous remarquons aussi Senecio nebrodensis, Dianthus lusitanicus, Tanacetum pallidum, Linaria elegans. En face du Parador de Gredos, nouvel arrêt pour Luzula lactea et de belles plaques roses de Spergularia purpurea. Là à 1500 m apparition de la fougère aigle et du rare Ornithogalum concinnum. Le sentier que nous suivons débouche sur des pelouses sèches où croissent Spergula morisonii et Scleranthus annuus ainsi que Jurinea humilis et Carduncellus mitissimus. Puis de nouveau en voiture nous parcourons la Réserve Nationale de Gredos. Partout ce ne sont que pentes pierreuses se détachant sur fond de montagnes. Là le genêt purgatif règne en maître. Dans les espaces qu’il n’occupe pas, s’étend sans fin la linaire élégante. Un arrêt photos nous permet de noter encore Armeria alliacea, Anthyllis lotoides, Echinospermum lusitanicum et le curieux Chamaespartium tridentatum. Et maintenant plus de fleurs… mais des bouquetins. Bientôt nous voici sur un parking en cul-de- sac à 1892 m d’altitude. En trois ou quatre heures nous pourrions d’ici atteindre le Pico Almanzor, point culminant de la Sierra de Gredos à 2592 m. Bien sûr nous n’irons pas et nous nous contentons d’herboriser dans une sorte de tourbière où nous trouvons quelques espèces endémiques qui sont entre autres Saxifraga latepetiolata, Doronicum carpetanum, Linaria saxatilis. Retour sur la route où nous prenons la direction sud. Plus bas à 1150 m nous notons des plantes déjà vues telles que Digitalis thapsi, Lavandula staechas subsp pedunculata, Santolina rosmarinifolia. Enfin en voiture jusqu’à Arenas de San Pedro où nous terminons la journée.
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