Vendredi 1er décembre

Le départ d’Hermanus étant fixé à 8 h 15, nous avons un bon quart d’heure pour explorer la bande de végétation située entre la route et la plage. Des bancs y sont installés, mais non pas pour les botanistes… mais pour les fans de baleines, lesquelles de juin à novembre, effectuent des sauts prodigieux dans l’océan. Ces baleines (Eubalaena australis), ont bien failli disparaître puisqu’elles furent chassées jusqu’en 1976. Près des bancs, pousse une liliacée jaune et verte, que nous ne reverrons plus jamais, certainement Albuca fragrans. A 8 h 15 comme prévu, départ pour l’observation du fynbos. Là nous allons admirer de nouveau Otholobium fruticans mais aussi une autre plante à inflorescences sphériques formées de petites fleurettes blanches portées par des pédoncules larges tout hérissés de vertes épines, peut-être une Nebelia mais de toute manière une bruniacée. Un peu plus loin sont des Thesium, mais de prime abord assez différents des nôtres car ici ils sont arbustifs et pourvus de feuilles bien souvent écailleuses. Ils resteront sans nom bien qu’il y en ait plus ou moins quatre-vingt espèces dans le fynbos. Peu après être remontés en voiture, un autre arrêt s’impose pour de magnifiques fleurs roses d’une brillance sans pareille. C’est Orphium fruticans. Plus loin nous traversons une région où tout a brûlé, mais où tout renaît des cendres, dont des Leucospermum conocarpodendron d’un orange flamboyant. Des Leucospermum laureolum les accompagnent ainsi que les envahissants port-Jackson. Au-delà nous notons encore Chironia linoides de la famille des gentianacées bien qu’elle ne rappelle pas du tout nos gentianes. A 10 h 30 Alain prend une piste qui au bout d’un kilomètre environ, aboutit à la mer. Et voici une immense et jolie plage désertée et le bel océan sans aucun baigneur ou nageur, et pour cause : l’océan est ici infesté de requins. En arrière de la plage, des dunes sont colonisées par des arbustes sans fleurs pour l’instant donc indéterminables. Derrière s’étend une prairie artificielle où parmi quelques restionacées desséchées croissent des plantains assez semblables à Plantago lanceolata. En définitive j’apprends que ce dernier, originaire de l’Europe et de l’Asie centrale est devenu cosmopolite et qu’en Afrique il s’est même implanté tout au sud ! C’est donc bien à lui que nous avons affaire. Dans un arbre, indéterminé, quelques nids de tisserins… et en outre, dans le ciel, tournoyant au-dessus de nos têtes, des milans de Montagu que nous signalent les ornithologues du groupe, que sont les trois dames de Paris. Enfin c’est le départ de ce lieu peu attrayant. Dans les vastes champs où sont terminées les moissons, autruches et bonteboks recherchent dans les chaumes une maigre pitance. Mais encore un arrêt sans intérêt pour photographier d’anciennes maisons de pêcheurs rénovées en résidences secondaires. Et nous voici maintenant à Cap Aghulas, l’extrême pointe de l’Afrique où se rencontrent les deux océans, le froid, l’Atlantique et le chaud, l’Indien. En cette zone l’océan est plus agité et tumultueux mais c’est tout. Là au 15e siècle, les marins portugais qui les premiers y abordèrent, constatèrent que leurs boussoles ne subissaient pas de déviation magnétique et que pôles géographique et magnétique coïncidaient parfaitement. Mais revenons à nos moutons : au Cap des Aiguilles nous devions visiter le phare paraît-il, mais cette visite est remplacée par un petit tour sur la plage où nous voyons une algue. L’Ecklonia, dont le stipe peut atteindre 20 mètres, constitue, nous apprend Gérard, toujours très savant, une formation monospécifique qu’on nomme le kelp. Ici sur la plage, l’algue, toute noire et desséchée est semblable à un très gros fil de fer. Quittant la côte pour un lieu végétalisé nous y voyons comme à Harold Porter NBG, une petite famille de francolins. Mais il est grand temps de quitter le Cap Aghulas. Il est en effet bien tard lorsque nous nous installons à la terrasse du restaurant le plus chic d’Arniston, où se trouve un arbuste aux fleurs odorantes, Carissa bispinosa. Après le repas, encore un petit tour dans le village et à la mer et je m’en reviens à la voiture où je photographie des enfants qui gentiment me le demandent. A 16 h 15 nous nous retrouvons tous et enfin nous quittons Arniston. Nous parcourons alors un paysage de steppes sèches parsemées de buissons rabougris et de chaumes où pâturent autruches et moutons.

Baie d’Hermanus, vue de l’hôtel

Albuca fragrans à Hermanus

Nebelia sp Bruniacée

Orphium frutescens

Leucadendron laureolum mâle

Nid de tisserins derrière la plage aux requins

Maisons de pêcheurs rénovées à Eve Harbour

A l’horizon, rencontre des océans atlantique et indien

Cap Agulhas : Le phare

Ecklonia à Cap Agulhas

Francolins à Cap Agulhas

Carissa bispinosa

Plage d’Arniston

Enfants d’Arniston

A 17 heures, nous parvenons à l’entrée de la réserve naturelle de Hoop où sont postés quelques babouins. Nous y pénétrons mais à 18 heures sans faute, il nous faudra en sortir. Dire que nous aurions pu passer au moins la demi-journée en ce site enchanteur ! Cette merveilleuse réserve, en effet, protège 50 km de côtes où falaises calcaires alternent avec dunes de sable d’un blanc pur. En outre elle possède une zone marécageuse et même un lac où presque toutes les espèces d’oiseaux d’Afrique du sud sont représentées. Même une montagne, la chaîne de Potberg, est incluse dans la réserve. Cette dernière donne asile à une colonie de vautours du Cap, espèce menacée. De Hoop Reserve est donc, pour les naturalistes, particulièrement intéressante. De par son fynbos sur calcaire, ce qui est rare, elle est riche en effet de plantes endémiques qui sont inféodées à ce type de biotope. Mais hélas nous avons si peu de temps à consacrer à leur recherche ! En quelques minutes, nous notons pêle-mêle et parfois photographions certaines d’entre elles telles que Leucadendron muirii, Indigofera brachystachia aux fleurs d’un beau rouge carmin, deux immortelles dont l’une Syncarpha vestita, déjà vue, l’autre Syncarpha argyropsis peuvent justement se trouver sur calcaire. Quant à Harveya capensis, c’est une rhinantacée semi-parasite aux fleurs d’un blanc immaculé virant au noir à la fanaison. Et en ces lieux exceptionnels nous ne pouvons moins faire que de nous intéresser à la faune : zèbres, deux espèces de gazelles dont les bonteboks, des élands et d’autres encore… A 18 heures nous quittons la réserve de Hoop et filons prendre le bac à Malgas sur la Breed River. Le bac nous dépose presque au crépuscule à l’entrée d’une piste traversant d’immenses étendues desséchées parfois entrecoupées de petits bosquets se détachant sur une longue et basse chaîne de montagnes. A cette heure de la nuit, divers petits animaux sortent de leur cachette et c’est ainsi que nous croisons un lièvre à très longues oreilles. Et puis nous voici à Swellendam où nous attend l’hôtel où nous allons dîner et dormir.

De Hoop : réserve Fynbos sur calcaire ; dunes

Leucadendron muirii

Indigofera brachystachia

Syncarpha argyropsis

Harveya capensis

Bontelok et son petit

Breed Rive : Le bac avec Claire et Gisèle

Swellendam Eglise

(suite)

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