Dimanche 20 juillet, l’après-midi.
Reste donc tout l’après-midi disponible, puisque nous n’avons pas tenté l’ascension de la Peña Montañesa. Nous allons « faire de ce fait », les Gorges d’Añisclo. Pour nous y rendre nous devons repasser par Escalona où nous ne pouvons résister au plaisir de nous reposer quelque peu. Bientôt départ et arrivée au canyon peu éloigné d’ici. Quelle merveille ces gorges à nulles autres pareilles, bien sûr, mais si belles, si étranges, aux eaux bleues ou vertes, aux parois calcaires si différentes les unes des autres. Quel dommage de ne pas avoir le temps de les parcourir dans leur intégrité ! Je le regrette encore plus aujourd’hui qu’autrefois. Et, comme le dit Henri, « nous avons retenu l’émerveillement, face à ces traînées de plantes vert-jaune, accrochées à la falaise sur des centaines de mètres, voire des kilomètres. » Sur des falaises du versant où nous progressons, nous pouvons les approcher et les déterminer. Nous avons affaire à Pinguicula longifolia, aux feuilles de 10 à 15 cm de long, rare espèce des Pyrénées et de notre Massif Central, ici par milliers voire dizaines de milliers. Puis nous continuons la balade et faisons une halte sur un parking de la gorge. De là nous avons vue sur l’ermitage San Urbez. Mais à sa visite nous préférons une herborisation à l’ombre fraîche qui nous donnera le plaisir de voir quelques Ramonda myconi encore en fleurs. Et sur le chemin du retour, arrêt à Buerba où, près de la chapelle, à l’ombre d’un gros arbre, un artisan réalise divers objets en bois. Il nous montre sa façon de travailler, sort une revue française. Nous le photographions, lui achetons quelque objet et prenons la route du retour. Et voici pour terminer la journée, sous un soleil brûlant, les espèces tirées du relevé effectué essentiellement à Anisclo mais aussi à Buerba : Campanula trachelium, Chlora perfoliata, Euphorbia dulcis, Geranium purpureum, Hieracium villosum, Hypericum nummularium, Inula conyza, Phyllitis scolopendrium, Pimpinella saxifraga, Pinguicula longifolia, Saxifraga longifolia, Veronica ponae.
Lundi 21 juillet, nous délaissons définitivement Escalona et déjà prenons le chemin du retour. Pour cela nous suivons toujours vers le nord la vallée de la Cinca. Au bout de 15 kilomètres nous bifurquons à droite pour rejoindre Salinas. Là, comme nous avons du temps, nous décidons, avant de quitter l’Espagne, d’herboriser encore en ces sites sauvages. Nous suivons donc une piste, mais après la traversée de la Cinqueta (petite rivière, affluent probable du rio Cinqua), nous hésitons… et c’est alors que des gardes vont nous précéder pour nous remettre sur le bon chemin. Adieu au col de San Juan de la Pena… mais alors la piste caillouteuse devient de plus en plus mauvaise. Fort heureusement nous apprenons que la distance pour Chia où nous désirons nous rendre, est identique à celle que nous venons d’accomplir à partir de Salinas. Continuation et bientôt arrivée à Chia où nous nous reposons et restaurons avec grand plaisir. Nous goûtons même aux fruits poussiéreux du cerisier sous lequel nous sommes installés. Après quoi sieste bien méritée pour Paul et ultime herborisation pour nous trois. Voici donc le dernier relevé de plantes pyrénéennes extraites comme toujours de la liste dressée, d’abord aux alentours de la Cinqueta, ensuite au-delà, et pour finir dans les environs de Chia : Agrimonia eupatoria, Bromus asper, Campanula glomerata, Carex flava, Cirsium arvense et monspessulanum, Convolvulus arvensis, Dactylorhiza elata et majalis, Dianthus deltoides, Epipactis atrorubens, Erigeron acer, Eriophorum latifolium, Eryngium bourgati, Gentiana cruciata, Iris latifolia, Melampyrum sylvaticum, Merendera montana, Pimpinella saxifraga, Reseda lutea, Saxifraga umbrosa, Sideritis hyssopifolia, Trifolium montanum, Artemisia absinthium, Astragalus glycyphyllos, Carlina acanthifolia, Chaerophyllum aureum, Dianthus pyrenaicus, Lonicera xylosteum, Trifolium alpestre. Ceci fait, retour à la voiture et continuation du trajet, cette fois par une route digne de ce nom.
Mardi 22 juillet
Que dire pour conclure cet énième périple dans les Pyrénées espagnoles ? Outre quelques plantes nouvelles et de beaux paysages, nous avons eu le plaisir de faire connaissance d’un couple de Japonais qui inviteront Lilia lors de son prochain voyage au Japon dans seulement deux mois. Ce couple sympathique, nous le reverrons l’année suivante en hiver à l’issue de leur séjour dans les Alpes. Et avec Kaichiro et Takako tels sont leurs prénoms, je corresponds toujours depuis quinze ans.
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