Bulgarie 6
Dimanche 20 juin
Direction ce matin, de la réserve de Beglica. Bientôt, arrivée dans d’immenses forêts d’épicéas, de pins et de hêtres avec quelques plantes que voici : Arabis caucasica, Orthilia secunda, Soldanella pusilla, Telekia speciosa ,Vaccinum myrtillus et vitis-idaea. Dans la réserve même, déception : les forêts certes très belles, sont trop denses et trop sombres et de ce fait, dépourvues ou presque de sous-bois. Dans les clairières, les moutons qui y pâturent, ont transformé les vertes pelouses en tapis d’herbe rase et desséchée. Demi-tour et progression sur la route que nous aurions dû emprunter hier pour trouver l’hôtel recherché. Coup d’œil à cet hôtel et direction de Velingrad. Un peu plus loin, arrêt dans une clairière qui devient pour nous, une immense salle à manger. Le frugal repas terminé, mini-herborisation avant le départ. Elle nous permet de noter : Heleocharis sp, Consolida regalis subsp paniculata, Cerastium banaticum, endémique des Balkans.
En cours de route encore, arrêt botanique pour Philadelphus coronarius et Amorpha fruticosa, qui toutes deux bien naturalisées, décorent joliment les talus. Plus loin, nous notons aussi Silene armeria ainsi que deux trèfles, Trifolium pignantii et Trifolium pratense variété americanum.
Il est presque 16 heures à notre arrivée à Bansko où nous retenons l’hôtel. Ceci fait, vite en direction du Mont Vihren, 2914 mètres, point culminant du Pirin. Traversée de splendides forêts d’épicéas, de hêtres et de Pinus leucodermus à la belle écorce argentée, forêt égayée en lisière de beaux Chamaecytisus eriocarpus. Plus loin, parmi les grands pins clairsemés, tout plein de belles ancolies à fleurs jaunes, Aquilegia aurea. Au-delà, un éboulis à flore saxicole motive un autre arrêt. En voici quelques espèces relevées : Achillea ageratifolia et clusiana, Aubrieta intermedia, Dianthus microlepis et petraeus subsp simonkianus, Rosa pimpinellifolia, Trifolium pignantii.
Enfin Banderitsa chalet, refuge de montagne que nous visitons. Après quoi observation de la flore subalpine qui l’entoure et nous rappelle celle de nos Alpes avec Rumex alpinus, Veratrum album et Herakleum sphondylium mais de la subsp verticillatum.
Et voici Jeannette de retour d’une petite virée sur les hauteurs dominant le refuge, qui s’en revient avec quelques échantillons que nous avons le plaisir de déterminer. Ce sont : Campanula alpina, Jasione bulgarica, Chamaeorchis frivalda, Pinguicula balkanica, Doronicum colomnae, Soldanella hungarica.
Lundi 21 juin
Une fois la vidange de notre voiture effectuée à Raslog, retour à Bansko où nos amis viennent de terminer leurs courses. Aussitôt départ pour Pirin, pauvre village délabré dont la visite par les touristes tant Bulgares qu’étrangers fut interdite jusqu’à l’année précédente. De ce fait, nulle part indiqué, il est difficile à trouver. Peu importe, les paysages sont beaux et les quelques fleurs nouvelles, intéressantes. Voici, entre autres, la belle Centaurea salonitana aux capitules dorés. Plus loin, d’autres jolies plantes telles Linaria genistifolia, Linum hologynum aux styles soudés, Hypericum olympicum.
Dans la bourgade perdue où nous pénétrons, existe un conservatoire de musique pour des femmes qui chantent d’une manière indéfinissable et prenante, de curieuses mélopées surannées. Et ces chanteuses se produisent non seulement dans leur région mais aussi sur les grandes scènes de Plovdiv, de Sofia et d’ailleurs.
De Pirin, une piste en cul-de-sac d’une quinzaine de kilomètres, permet d’atteindre le chalet Pirin dans les monts éponymes. Cette piste est le domaine, peut-on dire, d’un pois aux énormes fleurs carminées, Lathyrus grandiflorus. En bordure de la piste, près d’une source, une table de marbre blanc, flanquée de deux bancs de bois, nous convie au pique-nique. Arrêt repas, après lequel nous herborisons tout autour du chalet Pirin. Herborisation décevante où la plupart des plantes se trouvent aussi en France. C’est ainsi que nous y voyons Saxifraga rotundifolia, Geranium macrorhyzum, Petasites albus.
A la sortie de Pirin, nous effectuons un petit relevé que voici : Ballota nigra, Thymus sibthorpii, Buplevrum gerardi, Trifolium infamia-ponertii, Lappula barbata, Trifolium hirtum, Nonea lutea.
Une trentaine de kilomètres au-delà de Pirin, nous retrouvons la route de Sofia-la Grèce que bientôt nous abandonnons pour suivre la direction de Melnik. Sur les talus secs abondent Eryngium creticum et Stachys plumosa. A Melnik nous arrivons : sur la place du village est un platane d’Orient de 8 m de circonférence. Melnik est une merveilleuse petite cité riche de cinq églises et d’une centaine de maisons restaurées par le gouvernement. Hélas, nous ne pouvons pas tout visiter et continuons à suivre l’itinéraire prévu… Arrivée à Rojen, charmant hameau aux quelques maisons blanches. Puis accès en voitures au très vieux monastère qu’on atteignait jusqu’alors « seulement à pied par un chemin bordé d’ormes noueux », aux dires du guide Visa. Une courte visite, quelques instants de discussion avec une Française vivant à Sofia et retour pour Bansko où nous avons gardé les chambres.
Mardi 22 juin
Ayant rendez-vous à Rila avec nos amis seulement à midi, nous avons le temps de visiter Bansko. dont les habitants, même sous le joug des Turcs, avaient su préserver leur liberté. Nous nous faufilons dans de beaux jardins dissimulés aux regards indiscrets, nous visitons l’église de la Trinité où curieusement nous pouvons voir une tribune à moucharabiehs prévue bien sûr pour les femmes et enfin nous faisons un tour dans la maison fortifiée où vécut, dans ses jeunes années, le moine Néofit Riski. Adieu à Bansko et en voiture sur la route longeant l’étroit passage séparant les Monts Pirin des Monts Rila et franchissant le col Pradet à 1140 m d’altitude. Puis route de Sofia que nous quittons bientôt pour celle de Rilskimonastir.
Près d’une fontaine où nous remplissons nos gourdes, voici Dianthus corymbosus et Nepeta nuda, cette dernière rare en France.
A 11 h 45, au parking du monastère de Rila, comme prévu nous retrouvons nos amis. Nous allons en leur compagnie, visiter le plus renommé des monastères bulgares, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour ne pas trop alourdir ce compte rendu, aucune description n’en sera faite. Disons cependant qu’il fut fondé avant l’an Mille par le moine , Jean de Rila.
Il est bien sûr très tard lorsque nous prenons notre repas, cette fois encore dans une immense clairière. Celui-ci terminé, nous empruntons la piste conduisant à Partisanska Poliana, assez haut dans la montagne. La piste devenant trop dangereuse, nous continuons à pied. Rencontre de Hollandais ayant pris un congé sabbatique de six mois pour faire, aller-retour, en vélo essentiellement, le trajet de leur pays à la Bulgarie. Puis, retour de nos amis, qui eux avaient continué : il était temps, l’orage est là.
Retour au monastère puis à notre hôtel de style montagnard, tout en bois. Bon repas avec truite du torrent et énorme salade de fruits .
Voici pour terminer, une liste de plantes rencontrées au-delà du monastère de Rila. Toutes ne sont pas des espèces nouvelles pour nous, ce que nous regrettons un peu.
Alnus viridis, Digitalis viridiflora, Rosa pendulina, Achillea ageratifolia, Digitalis ambigua, Pinus peuce, Anthemis ruthenica, Fagus x moesiaca, Rumex alpinus, Astagalus glycyphyllos, Geranium macrorhizum, Silene alpina, Betula pendula, Geum coccineum, Silene dioica, Brassica pauciflora, Linaria genistifolia, Telekia speciosa, Campanula moesiaca, Moehringia muscosa, Thalictrum aquilegifolium, Cardamine resedifolia, Myosotis sp, Trifolium alpinum, Cirsium appendiculatum, Picea abies, Trifolium campestre, Coronilla varia.
Mercredi 23 juin
Ce matin depuis notre hôtel tout près de Rila, il nous faut rejoindre une route filant plein nord et au bout d’une vingtaine de kilomètres, emprunter une voie secondaire menant à Samokov, plus à l’est. Là encore changement de direction pour atteindre le complexe touristique de Maljovitsa.
Voici, nous y sommes. Cette station de sports d’hiver construite à 2729 m, dissimule ses grands bâtiments modernes dans la forêt où se mêlent pins macédoniens (Pinus peuce) et pins d’Ecosse (Pinus sylvestris). Nous empruntons un étroit sentier balisé zigzaguant parmi les bois jusqu’à une station du téléphérique. De là nous continuons tout droit dans la large travée aménagée pour les skieurs, où, après coup, la pelouse s’est installée, et avec elle quelques espèces qui sont : Veronica austriaca subsp teucrium, Jasione bulgarica ainsi qu’Omaloteca supina. Il est hélas, en montagne, trop tôt pour les plantes rares et belles et nous ne verrons donc pas Primula deorum (la divine), paléoendémique des montagnes de Rila.
Sur la crête où nous parvenons, domine le pin de montagne Pinus mugo. A nos pieds, à quelques centaines de mètres en contrebas, c’est un paysage à nul autre pareil : une forêt de sombres conifères d’où émergent de-ci, de-là, quelques autres conifères géants, effilés, légèrement évasés à la base. Dans une autre direction, nous distinguons à la jumelle, un sommet dénudé au pied duquel s’élève un bâtiment de pierre, certainement Partisanska Poljana qui à vol d’oiseau est à peine à une dizaine de kilomètres.
A 15 h 30 nous rejoignons Paul qui discute avec un Bulgare de la télévision de Sofia. Vers 16 h nous partons explorer les abords d’un autre complexe hôtelier, Vada. Rien de nouveau à part Aremonia agrimonoides. En définitive, plutôt que de retourner à Maljovitsa, nous décidons de poursuivre jusqu’à Borovec, la principale station de sports d’hiver de Bulgarie. L’hôtel Moura, 3 étoiles, qui nous tente, est agréable, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, la vue depuis nos chambres, reposante. Seul le repas laisse à désirer.
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