Sortie botanique du 9 au 14 juin 2001
10 participants
Laon du 9 au soir jusqu’au 12 en début d’après-midi
C’est à Françoise Cadel, une amie qui dans sa prime jeunesse vécut à Laon, que nous devons cet agréable séjour dans une région inconnue de nous tous. « Cela vous changera du sud-est de la France, de venir herboriser dans le nord de notre pays », nous avait-elle dit. Et en outre nous pourrons découvrir son patrimoine archéologique et la beauté de ses sites, certes originaux. Ainsi partis le 9 juin à 9 heures, nous arrivons à l’hôtel Ibis de Laon en fin d’après-midi. A l’heure du dîner, Françoise, accompagnée de sa cousine Odile, vient distribuer à chaque participant une carte de la région où sont détaillés les sites botaniques que nous visiterons les jours suivants.
Dimanche 10 juin, les dix participants sont en route pour la tourbière de Cessières. Au cours du trajet, arrêt dans une petite clairière pour la hottée de Gargantua, énormes blocs gréseux amoncelés dans une chênaie humide. Voici quelques plantes du court relevé ici effectué : Astragalus glycyphyllos, Drosera rotundifolia, Erica tetralix, Osmonda regalis, Oxycoccos palustris, Rhamnus frangula. Puis voici diverses espèces prélevées d’autres listes dressées en plusieurs sites de la tourbière : Carex arenaria, Corynephorus canescens, Jasione montana, Juncus squarrosus, Spergula morisonii, Teesdalea nudicaulis, Salix aurita et atrocinerea, Viola palustris, Oxycoccos quadripetala, Rhynchospora alba, Apium inundatum, Conopodium majus, Eleocharis multicaulis, Genista anglica, Hyacinthoides non scripta, Salix repens. L’après-midi, visite tout d’abord de l’abbaye de Prémontré, convertie en hôpital psychiatrique. Les bâtiments actuels datent seulement du 18e siècle. La visite terminée nous repartons par une petite route sinueuse à l’ouest de Laon, traversons le tranquille petit village de Sept Vaux dont l’église romane est remarquable par la présence de ses deux clochers. En-dessous du village est un vieux lavoir niché dans la verdure. Après quoi pour varier un peu les plaisirs, Françoise nous conduit dans la lande de Versigny, entrecoupée de marais et de forêts sauvages. Structure géologique du Laonnois tertiaire, une réserve naturelle y est préservée par le décret ministériel du 10-05-95. Mais l’application de ce décret a été à l’origine de perturbations comme la disparition des stations les plus étendues de Lycopodiella inundata accompagnée d’une invasion de molinie. Bien sûr des mesures ont été proposées pour pallier les divers inconvénients. Ci-dessous voici quelques plantes extraites d’un relevé effectué en ce milieu : Betula pendula, Castanea sativa, Frangula alnus, Genista anglica, Osmunda regalis, Pteridium aquilinum, Quercus petraea, Ulex europaeus subsp europaeus. Pour terminer nous allons visiter les « creutes », nom local de grottes. Pour cela nous longeons des champs de betteraves à sucre, des peupleraies et des tourbières et apercevons dans un décor idyllique, le Prieuré de Tortoir datant du 14e siècle, et près d’un petit lac, les ruines de Saint-Nicolas au Bois. Après la traversée des hêtraies de Saint-Gobain, nous marquons un arrêt à la source de la Fontaine de la Goutte où croît Chrysosplenium oppositifolium. Et puis c’est la route touristique des abbayes, laquelle nous conduit à Mons en Laonnois où se trouvent de belles villas prolongées par les grottes naturelles que sont les fameuses creutes.
Lundi 11 juin, par un temps hivernal, agressés par la bise, nous allons visiter la ville de Laon. Dans le pavillon du tourisme où tout d’abord nous nous rendons, se trouve un plan-relief de la ville du 19e siècle. C’est alors sur une montagne de calcaire, au-dessus d’une nappe phréatique que s’est établie la ville. Laon bien sûr a des origines gauloises, mais au 3e siècle les Romains l’ont occupée : de nombreux monuments en font foi. Au 12e siècle, les bourgeois demandent une charte de franchise et au 13e, de solides remparts entourent la ville. Signalons que c’est à Laon que se trouve le plus ancien hôpital de France. Laon sera aussi ultérieurement une étape sur un des chemins de pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Quant à la majestueuse cathédrale, elle date aussi du 12e. Au début du gothique, y apparaît alors la première rosace. L’édifice avait aussi sept tours dont deux furent arasées à la Révolution : elles paraissent légères, tout ajourées qu’elles sont. A l’intérieur les dimensions sont impressionnantes et la nef en effet est à quatre étages. Sortis de la cathédrale, nous voici à la petite chapelle des Templiers, construite en 1134 sur un modèle byzantin. Plus loin, dans l’ancien hôtel des Chanoines, un jardin médiéval occupe un espace surélevé. Quant à la maison des frères Le Nain, elle a été détruite. Toutefois sur un mur, une fresque témoigne de ces deux grands peintres nés à Laon. Le tour de ville prend fin au quartier de la Madeleine d’où nous pouvons jouir d’un superbe panorama sur Laon dominée par sa haute cathédrale. La visite terminée nous nous retrouvons tous chez Odile, à la Grenouillère, dans son accueillante maison où elle nous offre le pique-nique. Celui-ci terminé, nous empruntons le circuit des forteresses naturelles. Nous voici donc à Montchalons sur calcium lutécien du tertiaire. Le soleil illumine les pentes où croissent en grand nombre diverses orchidées. Voici quelques-unes des plantes tirées du relevé : Anacampsis pyramidalis, Anchusa arvensis, Genista tinctoria, Iberis amara, Orobanche epithymum, Polygala calcarea, Pulsatilla vulgaris, Tetragonolobus maritimus. Heureux nous sommes car c’est la première fois que nous voyons Iberis amara. Plus loin à Chermizy Ailles, nous nous trouvons sur le Chemin des Dames, de triste mémoire. Partout le terrain tourmenté n’est plus que creux et bosses. Quittant les pentes ensoleillées, nous arrivons à l’abbaye de Vauclair datant des 12e et 13e siècles. Fondée par Saint-Bernard en 1134, elle est en ruines : la guerre de 1914-1918 a sévi là aussi. On y voit cependant de beaux vestiges. Des bois de pins entourent la propriété et à l’orée de l’un d’eux, se trouve un jardin de plantes médicinales aménagé à l’emplacement de l’ancienne apothicairerie. Nous y notons : Allium albopilosum, Armoriaca rusticana, Atropa belladona, Heracleum mantegazzianum, Lysimachia thyrsiflora, Ranunculus lingua, Sambucus nigra var. laciniata, à vrai dire un mélange de plantes cultivées pas toujours officinales et de plantes plus ou moins naturalisées telle la redoutable berce du Caucase.
Mardi 12 juin, nous ne sommes plus que quatre de Saint-Etienne, les autres nous ayant quittés comme nous en avions été avertis. En effet l’un des participants, conducteur de la voiture qui les avait amenés, doit aujourd’hui passer des examens médicaux. Pour nous ce matin, à Laon, une ultime visite va être consacrée à l’abbaye Saint-Martin, datant des 12e et 13e siècles et transformée en hôtel-Dieu depuis 1811. Le chevet plat de l’église, cistercien, s’orne d’une belle verrière.
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