Herborisations printanières dans les Bouches du Rhône 6 et 7 avril 2002
5 participants
Il est tout juste 8 h 30, ce 6 avril, lorsque nous démarrons de Bourg-Argental où nous sommes allés chercher notre ami le Docteur Delaigue. Avec Lilia et Henri, nous sommes donc cinq. Dans la descente de Serrières nous pouvons admirer, sur les bords de route, en un heureux mélange, espèces montagnardes descendant de notre Pilat avec méditerranéennes remontées de la vallée du Rhône. A midi pile nous arrivons à l’hôtel du Joli-Bois non loin de Marseille, où nous avons retenu pour la nuit. L’hôtel étant sans restaurant, nous dégustons notre pique-nique, confortablement installés sur la terrasse arrière. Puis sans plus tarder, en voiture, depuis laquelle nous nous dirigeons vers le col de la Gineste ; et bientôt c’est Mazargues et La Madrague et enfin le Mont Rose avec ses 82 m d’altitude. Oublions vite son homonyme alpin qui lui, atteint 4633 mètres. Et commençons l’herborisation. Que de plantes spectaculaires pour nous ! Voici Astragalus tragacantha ex massiliensis, sous forme de larges coussins épineux, à fleurs blanches. Voici d’autres coussins, eux inermes et d’un jaune vif : Lotus drepanocarpus. Extrêmement rare, il ne fréquente que les sables et les rochers littoraux des Bouches du Rhône, du Var et des Alpes Maritimes. Voici encore une plante moins spectaculaire que les deux autres, croissant seulement dans les Bouches du Rhône et en Corse, Anthemis secundiramea. Mais l’espèce la plus rare ici est Asplenium sagittatum, fougère de petite taille (8 à 20 cm), aux lobes latéraux écartés et souvent sagittés. Nous n’en avons trouvé qu’un seul pied, peu photogénique. Enfin, moins rares, sont les deux arbustes suivants : Medicago arborea et Pittosporum tobira. Et de la liste dressée ici nous extrayons en outre les quelques espèces suivantes : Asteriscus maritimus, Barlia robertiana, Brachypodium retusum, Carpobrotus acinaciformis, Ecballium elaterium, Erodium chium et malacoides, Euonymus latifolius, Hyoseris radiata, Lavatera arborea, Plantago coronopus et subulata, Rosmarinus officinalis, Senecio cineraria subsp bicolor, Sonchus asper subsp glaucescens, Sonchus tenerrimus, Thymelaea tartonraira etc.
A partir de Samena où se termine le sentier, nous faisons demi-tour jusqu’à la voiture où nous retrouvons Paul qui nous conduit à 4 km de là, au Cap Croisette. Arrêt au parking et parcours, comme tout un chacun, de l’étroite sente taillée parmi les rochers. Outre des plantes déjà vues au Mont Rose, en voici deux nouvelles : Senecio leucanthemifolius et une rareté dotée de RRR sur Fournier, la minuscule Silene sedoides se dissimulant dans les fissures des rocs près de la mer. Ce Cap Croisette, pôle de la sécheresse pour la France continentale, présente en effet un aspect désertique. Nous ne nous attardons donc pas davantage et revenons aux Goudes où nous retrouvons la route côtière. Nous l’empruntons mais au bout d’un kilomètre à peine, plus rien… Nous sommes là à l’extrémité de la calanque de Callelongue… Nous descendons de voiture et parcourons l’unique et courte rue du petit village de pêcheurs. Puis nous empruntons un chemin qui en réalité est un GR s’élevant dans le massif de Marseilleveyre. Voici donc quelques-unes des espèces rencontrées : Coronilla juncea, Erica multiflora, Hyocyamus albus, Jasminum fruticans, Smyrnium olusatrum. Au retour, en parcourant la rue de l’autre côté, nous notons : Chrysanthemum coronarium et sa variété bicolor, Aptenia cordifolia et Boussingaultia cordifolia. Mais il se fait tard, il nous faut songer à rentrer. Nous voici à l’hôtel du Joli Bois que nous quittons bientôt pour aller à Cassis déguster une bouillabaisse. Le soir, au retour, nous jouissons d’une vue magnifique sur le Cap Canaille tout illuminé. Mais il est presque minuit lorsque nous rejoignons nos pénates. Quelle journée bien remplie !
Aujourd’hui, dimanche 7 avril, nous quittons les rivages pour partir à la recherche de Tulipa agenensis. Pour cela, direction d’Aubagne et de nouveau de Marseille, mais à la Valentine, bifurcation pour les Camoins où nous serons dans la zone des tulipes. Là près d’Allauch où nous parvenons, les champs, vignobles et vergers propices à sa présence et dont parle Molinier dans sa flore des Bouches du Rhône… aucune tulipe. Le temps, en même pas 30 ans, a tout chamboulé : des cultures, aucune, par contre des lotissements, des pavillons, des villas, en veux-tu, en voilà ! Essayons, malgré tout, d’explorer dans les environs d’Allauch, la zone située entre cette ville et le château de Fontvieille. Toujours point de cultures, quant au manoir il va être aménagé en appartements et les terrains qui l’entourent vont être lotis. Tout près se trouve un terrain de golf, tout récent. Alors, de tulipes, aucune. Déçus, nous jetons tout de même un coup d’œil à la végétation relictuelle et de la liste dressée, nous extrayons : Acer negundo, Conium maculatum, Erodium ciconium et acaule, Hordeum murinum, Ligustrum vulgare, Reseda phyteuma, Scandix pecten-veneris, Silybum marianum, Ulex parviflora, etc. Outre les plantes du relevé, des arbres et arbrisseaux aux jeunes feuilles non encore développées et à chatons pendants leur donnant d’un peu loin, un aspect flou et grisâtre, nous intrigue. Finalement leur est attribué le nom de Broussonetia papyrifera, sorte de mûrier originaire d’Extrême Orient. Au carrefour situé en dessous d’Allauch, nous prenons la direction de Peypin. Toujours nous ouvrons grand les yeux dans l’espoir d’apercevoir quelque tulipe égarée. Espoir déçu, mais arrêt un peu plus loin pour des iris aperçus dans un petit cirque rocheux au bord de la route d’Aix. Bien sûr nous en profitons pour établir une courte liste : Allium polyanthum, Brachypodium ramosum, Euonymus latifolius, Euphorbia exigua, Fraxinus ornus, Iris lutescens, Isatis tinctoria, Narcissus assoanus ex requienii, Phillyrea angustifolia, Viburnum tinus…
Au-delà d’Aix, non loin de Lambesc, arrêt pique-nique et comme de coutume, mini-herborisation qui, à part Asterolinon linum-stellatum, ne nous apporte rien d’intéressant. Sans nous attarder davantage nous quittons ce site tout en souhaitant d’en trouver un qui nous agrée. Et voici que soudain nous apercevons au loin, un curieux clocher perché semble-t-il, tout en haut de falaises. Allons-y ! Dans le petit village d’Orgon où nous parvenons, s’amorce en effet une étroite route montueuse à horaires réglementés conduisant à une abbaye éponyme dont l’église a reçu le nom de Notre-Dame de Beauregard. Elle date du 16e siècle. Un musée la jouxte, mais tout comme elle, il est fermé. Dès la descente de voiture, notre regard a été attiré par la jolie liliacée bleu-pâle qu’est Sisyrinchium bermudianum… Et après être passés sous un vieux porche de pierre, nous sommes éblouis par la beauté et la richesse de la flore : lauriers tins aux fleurs d’un blanc immaculé, amélanchiers à leur optimum de floraison, jasmin sauvage tout parsemé de fleurettes d’or, euphorbes petit cyprès en tapis dorés, dans l’herbe verte les touffes roses des valérianes tubéreuses et combien d’autres fêtant le retour du printemps ! Jusqu’à une table d’orientation et une sorte de pavillon, nous allons. Puis nous reprenons notre promenade passant près de deux gouffres. Bien sûr nous sommes là sur calcaire urgonien tirant justement son nom du village d’Orgon. Ceci dit voici la liste des plantes observées à proximité de Notre-Dame de Beauregard : Allium neapolitanum, Anemone hortensis, Asparagus acutifolius, Centranthus lecoqii, Cerastium tomentosum, Euphorbia characias et cyparissias, Lavandula angustifolia, Ophrys fusca et incubacea, Scandix pecten-veneris, etc. Le relevé établi, sans plus tarder, nous rejoignons la voiture et nous nous en retournons chez nous.
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