Deux randonnées botaniques aux alentours de Sisteron, 24 et 25 avril 2002.
8 participants
Ce matin 24 avril, démarrent d’Almandet le Haut, deux voitures : dans l’une, la nôtre, le Docteur Delaigue que nous sommes venus chercher, dans l’autre Marcel et Monique Teissier, désirant rouler en notre compagnie. A partir de Chanas, autoroute jusqu’à Valence, puis route de Crest, Die, Luc et le col de Cabre où s’attarde l’hiver. Puis c’est le printemps retrouvé, Serres, Laragne et enfin Sisteron. Là nous traversons la Durance et sur l’autre rive, empruntons la petite route conduisant à Volonne. Un peu au sud de Salignac, voici l’hôtel du Grand Cèdre où nous avons retenu pour cette nuit. Nous y déposons nos bagages et y laissons mon époux guère tenté par notre programme. Alors, le Docteur et moi-même, dans la voiture de Marcel et Monique, rejoignons à Valbelle, Claude et Marcel Couturier ainsi que Geneviève Gallet, tous trois venant d’Embrun. Sans nous attarder nous partons pour la petite excursion prévue à la chapelle de Saint-Pons. Il s’agit d’une minuscule bâtisse du 12e siècle de quelques mètres carrés seulement précédée d’une abside et recouverte d’un toit en pente. Mais ce n’est pas tant la chapelle qui nous attire que le site dans lequel elle se trouve. Comme l’écrit Pierre Million, dans son livre « Randonnées insolites », « un pont audacieux la réunit à la terre ferme au-dessus du vide, comme pour mieux symboliser le passage vers un autre monde ». Nous voici donc longeant les quelques maisons du village, puis entamant une petite grimpée sur un sol gris plus dur que béton. Comment les quelques plantes aperçues peuvent-elles croître sur un tel terrain ? Puis après avoir bien crapahuté, nous devons délaisser ce GR emprunté jusqu’alors et descendre au fond d’une combe boisée pour trouver la sente ombragée permettant d’atteindre l’ermitage. Soudain, au détour du chemin, nous apparaît la chapelle, plaquée contre la roche. Hélas d’où nous sommes, nous ne pouvons avoir ni la vision de la terrasse herbeuse où elle se niche, ni celle du petit pont de pierre enjambant la roche. Mais qu’importe puisque nous allons y aller! Et nous voici au pied de la falaise.A quelques pas de là, débute la sente que nous devons emprunter… mais voilà qu’un malencontreux écriteau nous informant du dernier raidillon, met à mal nos velléités d’ascension. Seul le docteur, intrépide, escalade une pente raide, caillouteuse, dépourvue du moindre point d’appui. Claude et moi, essayant de le dissuader, en sommes pour nos frais et pendant plus d’une heure ne pouvons dissimuler notre inquiétude. A son retour, c’est avec soulagement que nous l’accueillons. Il s’empresse alors de nous présenter ses trouvailles qui, entre autres, sont des espèces plutôt rares et donc intéressantes pour nous, telles Hesperis laciniata, Arabis nova ex saxatilis et surtout Ephedra nebrodensis. Ceci vu rejoignons vite nos trois compagnons qui pour une raison ou une autre avaient fait demi-tour bien avant d’atteindre le pied de la falaise abritant la chapelle Saint-Pons. Et enfin, arrivée au Grand Cèdre où avec plaisir nous retrouvons Paul et prenons notre repas. Pour clore cette journée, voici quelques espèces de la liste dressée lors de cette petite excursion : quatre érables qui sont Acer campestre, monspessulanum, opalus et platanoides ; Anchusa officinalis, Arabis hirsuta et nova, Clematis vitalba, Cytisophyllum sessilifolium ex Cytisus sessilifolius, Hepatica nobilis, Lavandula angustifolia, Lilium martagon, Ononis fruticosa, Ophrys litigiosa, Polygonatum odoratum, Saxifraga cuneifolia, Spartium junceum, Staehelina dubia, Viburnum lantana et bien d’autres encore.
Le lendemain le 25 avril, dès 8 h 30, nous quittons l’hôtel et prenons la route jaune en direction des Mées où bientôt nous arrivons. Là sur le parking de la place centrale, Paul va nous attendre, soit dans la voiture tout en écoutant de la musique, soit au dehors après avoir fait un petit tour de ville. Quant à nous bien sûr, nous allons débuter sans tarder notre balade botanique. Mais avant d’en faire le compte rendu, quelques mots sur les Pénitents des Mées, sont nécessaires. Il s’agit là d’une formation géologique constituée de hautes roches coniques se touchant ou presque, sur un bon kilomètre. Cette formation proviendrait d’un immense amoncellement de débris, consécutif à l’érection des Alpes. Ces débris, des poudingues, furent désolidarisés par des eaux de ruissellement. Ils prirent alors la forme de curieuses colonnes attisant l’imagination populaire de laquelle est née une légende expliquant leur formation. Quoi qu’il en soit, revenons à notre excursion. Elle débute place de la République où sont garées nos voitures et d’où nous empruntons une rue montante conduisant au camping municipal. Là à l’angle de la clôture, il nous faut progresser sur le mur d’un petit barrage, de nos jours abandonné. A l’extrémité de ce mur, après avoir pris à gauche, puis à droite, on chemine sur une étroite sente, souvent en dévers dans les poudingues de la roche. Il faut être prudent car d’un côté est une pente abrupte qu’il ne faudrait pas dévaler. Enfin nous parvenons à une forêt de pins d’Alep où nous trouvons un petit replat où, tout en nous reposant, nous allons délibérer. En effet, ici, il nous faut choisir, pour le retour, parmi quatre itinéraires. Sans problème nous renonçons à deux d’entre eux, l’un s’avérant dangereux et déconseillé, l’autre vraiment trop long. En définitive nous optons pour un sentier créé en 1995, sentier doublant l’abrupt couloir initial et comportant en bien des endroits, des marches retenues par des rondins fixés à de forts pieds métalliques. Par cet itinéraire, que de belles échappées tant sur les Pénitents que sur la plaine cultivée au-delà. Tout d’un coup nous voici sur une large allée bien plane. Quelques centaines de mètres plus loin, nous retrouvons Paul et Geneviève venue le rejoindre. Alors, dans un site agréable, à l’ombre de feuillus, nous nous installons pour le pique-nique. Celui-ci terminé, c’est la séparation. Les uns, après la visite de la citadelle de Sisteron, s’en iront à Embrun où ils passeront une nuit encore dans la résidence secondaire de Marcel et Claude Couturier, les autres s’en iront directement à Saint-Ferréol. Quant à nous, vainement, nous essayons de trouver la station d’Androsacea elongata dont nous a parlé André Oddos, membre grenoblois de notre groupe botanique. Mais comme il se fait tard, nous revenons bien vite par une jolie petite route rejoignant Sisteron dont la citadelle, de là, s’offre à nos regards éblouis. A la sortie de la ville, ultime arrêt pour une immense étendue de fleurs d’un bleu le plus pur, qui tout bonnement sont des Anchusa officinalis vues hier, mais peu abondantes. Sur ce, voici toujours quelques plantes extraites de la longue liste de presque 70 espèces : Anthyllis montana, Asplenium montanum, Astragallus monspessulanus, Cotinus coggygria, Euphrasia serrata, Fourraea alpina, Geranium purpureum, Globularia alypum, Hippocrepis emerus, Melittis melissophyllum, Mercurialis perennis, Ononis rotundifolia, Pinus halepensis, Reseda lutea, Rhamnus alaternus, Ruta angustifolia, Silene nemoralis, Thlaspi perfoliatum. Là se termine le compte rendu de ces deux journées qui, pour certains, ont permis encore une bonne révision de notre flore méridionale et pour d’autres la découverte de quelques plantes inconnues. Pour tous enfin, elles ont révélé des paysages nouveaux et insolites de notre beau pays.
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