Mercredi 28, à 9 h nous quittons Gabès pour Medenine. La route, nous l’avions parcourue en sens inverse une semaine auparavant. Et nous voilà déjà à Mareth où abonde Nicotiana glauca. Quinze kilomètres au-delà nous abandonnons la grand route menant en Libye, pour celle secondaire, de Zarzis. Quelques kilomètres avant cette localité, arrêt près d’une belle ferme blanche, où nous notons, plutôt banales et fréquentes, Mesembryanthemum chrystallinum, Centaurea napifolia et Polyganum equisetiforme, vues bien des fois en Tunisie. A Zarzis où nous arrivons, nous allons au port afin d’y voir les gargoulettes, sortes d’urnes utilisées pour la pêche aux poulpes. Puis par la route nous longeons la mer de turquoise et de jade avec parfois une plage ombragée de palmiers . Puis dans un restaurant nous déjeunons. Après quoi en route encore bien sûr. Enfin, ça y est ! Nous roulons sur l’impressionnante chaussée romaine, jetée en pleine mer, de 7 km, longtemps abandonnée et restaurée en 1951. Un court arrêt botanique nous permet de noter Limoniastrum monopetalum et Spergularia marginata.

Et nous voici désormais dans la petite île de Djerba aux surprenantes et anciennes constructions, toujours blanches quelles qu’elles soient : mosquées, ateliers de tisserands, menzels. Aux alentours de Cedouikech à une dizaine de kilomètres d’El Kantara, nous visitons justement un menzel abandonné. Des forskaléas croissent là dans les terres délaissées. Continuant en direction du nord, nous parvenons à El May où tout près se trouve une synagogue nommée Ghriba, la merveille. Ce lieu de culte visité, c’est au tour de la mosquée, certes originale, ne ressemblant guère aux mosquées traditionnelles. Puis nous voici dans la région très intéressante de Cedriane. On y peut voir des très nombreuses levées de terre délimitant des parcelles de palmeraies et dans les clairières, des menzels avec parfois une grande aire circulaire de battage, des ateliers de tisserands. Cette région visitée nous revenons sur Midoum puis en bord de mer. Là au coucher du soleil, nous avons la chance de jouir d’un merveilleux paysage illuminé des feux du soleil couchant. D’ici, de là, nous apparaissent de « longs poireaux » qui en l’occurrence, sont des Urginea maritima. Non loin de là sont établis le Club Méditerranée ainsi que de nombreux hôtels, tout blancs, tout neufs. Mais comme nous recherchons la tranquillité, nous n’irons pas là et empruntons encore, en sens inverse, la chaussée romaine afin d’atteindre l’hôtel de charme qu’est la Résidence Sultana. Là nous jouissons d’une excellente cuisine locale et nous dormirons dans de petites habitations individuelles enfouies parmi les fleurs.

Zarzis : gargoulettes pour la pêche
Zarzis : gargoulettes pour la pêche
Limoniastrum monopetalum
Vieux menzel à Ceduikech
Autre menzel à Ceduikech
Synagogue de la Ghriba à Djerba
Mosquée d’El May
Mosquée d’El May
Puits vers Cedriane Jerba
Menzel vers Cedriane
Menzel vers Cedriane
Aire de battage
Jerba : Atelier de tisserand
Jerba : menzel vers Midoum
Urginea maritima
Zarzis : Résidence Sultana

Jeudi 29 avril, pour la troisième fois nous empruntons la chaussée romaine afin de poursuivre la visite de l’île de Djerba. Déjà dans les champs de blé, la faucille à la main, les femmes moissonnent. Quant à nous, à une lieu à peine du golfe de Bou Grara, à Guellala, la cité des potiers, nous pénétrons. C’est, bien sûr à cause du sol argileux, qu’est né ici cet artisanat. Les potiers fabriquaient, en effet, jarres, amphores, gargoulettes. Actuellement ils délaissent ce métier, à part quelques vieux qui surtout font visiter les ateliers. Sous la conduite d’Ali qui nous le propose, nous visitons le sien qui ne sert plus qu’à cela. Puis direction de Mellita. De temps à autre, une fatma, en beaux atours aux vives couleurs, puise l’eau dans un puits. A Mellita où nous arrivons, nous visitons la vieille mosquée du 10e siècle, Jemâa el Kebir, dont la cour est entourée de chambres réservées aux étudiants de la medersa, école coranique. Nous reprenons le parcours de Djerba puis au lieu de quitter l’île par la piste longeant la côte occidentale, nous renonçons et rejoignons la route principale d’Houmt Souk à Ajim. Un quart d’heure après avoir embarqué, nous voici à Jorf sur le continent. Là, nous décidons de ne pas aller faire un tour à la frontière libyco-tunisienne et de continuer en direction du sud seulement jusqu’à Bou Grara au bord du golfe éponyme. Ce golfe, fermé au nord par l’île de Djerba, est une véritable mer intérieure de 500 km2. C’est cette position qui fit la prospérité de Gighti, vieille ville romaine dont nous visitons actuellement ce qu’il en reste ; pour cela nous foulons un tapis de centaurées acaules, Centaurea dimorpha subsp kralickii. Sur le muret qui clôt le jardin ombragé du gardien du site, nous nous installons pour pique-niquer. Celui-ci terminé, nous jetons un coup d’œil à la rare végétation et notons : Astragalus gombiformis, Nitraria retusa, qui serait la plante utilisée par Moïse lors de la traversée du désert. Puis de nouveau en voiture, nous voici sur la route rejoignant Jorf à Mareth, voie de 15 km traversant une terre inculte où nous venons d’apercevoir Convolvulus siculus. A une cinquantaine de kilomètres au nord de Gabès, nous délaissons la route côtière pour filer plein nord sur Kairouan où nous désirons faire étape cette nuit. Partout que plaines immenses et steppiques. Finalement arrivés à Kairouan, nous nous arrêtons à l’hôtel Amina datant de 1994. L’hôtel lui-même est bien, mais entouré de toutes parts de terrains vagues.

Moissons vers Guellala
Guellala de Jerba : Vieux guide
Exposition de poteries
Vieil atelier souterrain de Guellala
Dans le vieil atelier
Cabane originale
Jerba : Mosquée Jebâa-el-Kebir de Mellita
Githi : ruines romaines
Githi : ruines romaines
Atractylis prolifera
Nitraria retusa
Convolvulus siculus
Le cimetière de Kairouan

Vendredi 30 avril, dès le petit matin, en compagnie d’un guide proposé par le réceptionniste de l’hôtel, nous voici arpentant la cour de la Grande mosquée. Au sortir de celle-ci, sur les conseils de notre guide, nous entrons chez un marchand de tapis où notre amie acquiert un beau « Mergoum ». Actuellement avec un véritable guide mis à notre disposition par le syndicat d’initiatives, nous allons, à deux pas d’ici, au bassin des Aghlabites, datant du 9e siècle, ayant un diamètre de 128 m et une capacité de 55000 m3 . Après cela nous visitons ce qu’on appelle la « mosquée du barbier », mais qui en fait est un mausolée. Puis nous nous rendons à la zaouia de Sidi-Abib-El-Ghariani. Dans la grouillante médina, j’achète du safran… qui en réalité est du carthame… La visite guidée se termine à Bir-Barouta, un vieux puits, qui, dit-on, communiquerait avec une fontaine sacrée… de La Mecque ; sa « noria » est actionnée par un dromadaire dont on a bandé les yeux. En fin de matinée, la visite du vieux Kairouan terminée, nous pénétrons dans un restaurant typiquement tunisien où nous sera servi le sempiternel couscous, et c’est tout. Après quoi direction du nord-ouest sur Le Kef où nous avons prévu de passer la nuit. Presque depuis le départ nous roulons entre de grandes haies de figuiers de Barbarie aux belles fleurs jaunes, puis nous abordons une zone montagneuse. Voici alors un bel oued où croissent palmiers et lauriers-roses, mimosas, ricins et tamaris. Maintenant sur plusieurs kilomètres, la route est bordée d’une astéracée dont les fruits argentés nous intriguent. Après l’avoir déterminée, nous apprendrons qu’il s’agit de Hertia cheirifolia, endémique algéro-tunisienne. D’autres plantes l’accompagnent. Ce sont : Convolvulus althaeoides, Thymus hirtus, Pallenis spinosa, Scolymus hispanicus, Zizifus lotus, Centaurea solsticialis, Eryngium ilicifolium et l’œillet endémique de Tunisie, Dianthus gaditanus. Ce petit relevé effectué, de nouveau en voiture. Le paysage change et parfois apparaissent champs de blé, oliveraies. Puis sans transition, aux roches arrondies succèdent des rochers ruiniformes. A l’orée d’un bois de pins, d’Alep probablement, arrêt pour un ciste qui s’avère être Cistus libanotus= clusii parasité par Cytinus hypocistis subsp ochraceus. Puis voici Juniperus phoenicea, Rosmarinus officinalis var officinalis, Globularia alypum, Teucrium pseudo-chamaepytis, Vicia onobrychioides, Carlina involucrata, Helianthemum cinereum et papillare. En face du bois, sur les bords du fossé longeant des prés, nous notons Matthiola longipetala subsp kralikii, Marrubium aschersonii et Thymus hirtus. Plus loin à 1000 m d’altitude, un autre arrêt pour de belles touffes de fleurs d’un rose tendre que même un botaniste tunisien ne parviendra pas à déterminer. Aux alentours toutefois, nous notons Calycotome villosa, Genista aspalatoides, Erinacea anthyllis à fleurs blanches ici, Centaurea acaulis, Astragalus armatus, Hedysarum spinosissimum subsp capitatum, scrophularia canina, Anagallis monelli. Ensuite, à quelques kilomètres de Maktar, s’étage à 1070 m le très vieux village de Kesra, seul rescapé d’une cinquantaine. Sur les rochers précédant le village, nous notons Asteriscus aquaticus, Argyrolobium zanonii, Adonis annua, Helianthemum semi-glabrum, Silene tunetana. Mais nous quittons ce nid d’aigle par une autre route donnant sur une immense et verdoyante combe. Puis arrivée à Maktar qui ne renaquit de ses cendres qu’au 19e siècle. Plutôt que de visiter cette cité, nous préférons encore herboriser. Et c’est ainsi que près d’un gigantesque cresson nous pouvons voir Ranunculus macrophyllus ainsi que Silybum eburneum . Dans les parages tout est vert. Devant des champs de blé grimpant à l’assaut des collines jusqu’à leur cime, s’épanouissent en tapis roses les Hedysarum spinosissimum subsp capitatum. Dans les terres incultes croissent à loisir des chardons qui recevront le nom d‘Onopordon nervosum subsp platylepis. Puis enfin nous voici au Kef où nous prenons pension à l’hôtel des Pins où a lieu un repas de mariage dont nous ne profiterons pas.

Kairouan : grande mosquée
Kairouan : grande mosquée
Kairouan : intérieur de la grande mosquée
Kairouan : bassin des Aghlabides
Mosquée du barbier à Kairouan
Mosquée du barbier à Kairouan
Mosquée du barbier à Kairouan
Gardien de la mosquée
Zaouia de Sidi abid el-Gariani à Kairouan
Puits Bir Barouta à Kairouan
Près de la Porte de Bab-el-Chouada
Acacia cyanophylla
Hertia cheirifolia
Hertia cheirifolia
Hertia cheirifolia fructifié
Convolvulus althaeoides
Thymus hirtus
Pallenis spinosa
Scolymus hispanicus
Scolymus hispanicus
Ziziphus lotus
Centaurea solsticialis
Eryngium ilicifolium
Dianthus gaditanus
Matthiola longipetala ssp kralikii
Cistus libanotis
Cytinus hypocistis ssp ochraceus
Teucrium pseudo chamaepitys
Carlina involucrata
Helianthemum cinereum
Erinacea anthyllis
Anagallis monelli
Argyrolobium zanonii
Silene tunetana à Kesra
Ranunculus macrophyllus
Silybum eburneum
Centaurea acaulis

(suite)

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