Mercredi 6 et jeudi 7 décembre

Ce mercredi 6 décembre, nous ne serons pas en retard pour participer à une sortie en tracteur à Koo Valley dans les montagnes du Langeberg. A 8 heures en effet nous quittons Worcester. Nous traversons vignobles et vergers immenses, aussi bien les uns que les autres. Au loin la brume persiste encore au sommet des montagnes. Dans le bush qui a pris le relais des cultures, se voient de nombreux arbustes rouges de la famille des vitacées. A 7 km de Montagu apparaît la montagne où nous devons faire du tractor-trek. Et nous voici maintenant dans la petite ville. A 30 km au-delà s’amorce le chemin de la ferme refuge où nous avons rendez-vous. Dans les pentes se voit de nouveau Leucadendron argenteum. Nous venons de pénétrer dans l’immense propriété : à notre droite, des vergers de poiriers notamment, à notre gauche, des céréales. Arrivés près des bâtiments de ferme nous attendons quelque peu. A 10 heures, Niel B. arrive dans un tracteur impressionnant auquel est attelée une longue remorque recouverte d’un plastique en prévention d’éventuels coups de soleil. De l’avant, descend le chien du maître, affublé de curieux habits. Alors, une fois les participants bien installés, démarre le tracteur. Son conducteur fait mine d’entrer dans de nombreuses pièces d’eau… les enfants feignent d’être effrayés… et tout le monde est content. Puis le gros engin amorce dans le fynbos une grimpée agréablement ponctuée de quelques arrêts. Au premier, voici Erica grandiflora et des King Protea, les unes aux vieux cônes tout desséchés, les autres avec de tout jeunes cônes encore recouverts d’un blanc duvet. Quant au Mimetes cuculatus, il égaie les rochers que nous prenons plaisir à escalader. L’ultime arrêt a lieu à 1234 m d’altitude devant un fabuleux chaos de roches. En redescendant un arrêt est prévu près d’une source où se désaltéreront les assoiffés. Les botanistes, eux, en profitent pour photographier une jolie petite liliacée jaune, Bulbinella sp. Puis enfin arrêt au refuge perdu dans le fynbos et dégustation d’un bon apéritif maison, accompagné d’abricots secs et de pâtes de fruits à base des productions des vergers de Niel B. De là nous pouvons à loisir nous échapper et aller herboriser aux abords du bâtiment, d’une richesse florale inimaginable. Tout d’abord nous frappent de nombreuses restionacées qu’il sera difficile de nommer sur place et que nous ne pouvons prélever pour une détermination ultérieure puisque toute cueillette est interdite. Toutefois nous contemplons ou photographions deux petits mais beaux pelargoniums, vus déjà hier. Nous notons en outre un Mesembryanthemum rose, une astéracée jaune accompagnée d’une fabacée de même teinte ainsi que d’une protéacée que nous nommons Leucospermum spathulatum. Puis avec les personnes restées au refuge et qui nous ont rejoints, nous descendons à pied pendant une dizaine de minutes jusqu’à un bosquet de pins. A son ombre une immense table ornée d’un magnifique bouquet fraîchement cueilli, supporte un pantagruélique et appétissant potjîekos, sorte de potée avec agneau, poulet, pommes de terre, patates douces, légumes, aponogeton plus simplement dénommé vanille d’eau, riz etc. Puis on voit des corbeilles de fruits, un énorme gâteau, trois tonnelets de vin (rouge, rosé et blanc), eau plate et gazeuse. Naturellement on peut se servir de tout à volonté, et, le repas terminé, ceux qui le souhaitent, peuvent, dans des sacs en plastique déposés sur une table, emporter tout ce qu’ils désirent, car tout est loin d’être fini. Après ce succulent repas nous revenons à pied jusqu’aux bâtiments près desquels nous devons retrouver notre chauffeur à 15 heures. Celui-ci n’est pas là puisqu’il n’en est que 14. Herborisation, donc, dans les pâturages voisins où nous découvrons trois astéracées jaunes que nous ne pouvons déterminer. Mais voici Alain qui revient d’un périple à George, de 450 km aller retour, effectué en 5 heures ! Il vient de voir, nous dit-il, un cobra dans le chemin d’accès à la ferme. Vite en voiture et départ illico-presto. Nous roulons pour le moment dans le Grand Karoo où ne croissent qu’herbes sèches et buissons bas. A l’horizon, quelques montagnes et… isolée dans cette immensité, une zone viticole. Mais bientôt il nous faut quitter le Grand Karoo et rouler dans la réserve naturelle de la rivière d’Aix. A 965 m nous atteignons le point culminant et amorçons la descente à la vitesse de l’escargot car un camion devant nous, obligé par la loi de rouler en première, nous contraint d’en faire autant car il est interdit de doubler. De ce fait arrêt, ce qui nous permet d’admirer et de photographier le paysage et quelques aspects de la végétation. C’est là comme une forêt de tylécodons où croissent en sous-bois, innombrables, les Cotyledon orbiculata à fleurs roses ou jaunes, des euphorbes succulentes et bien d’autres merveilles. Et nous sommes éberlués à la vue d’un « bébé » tylécodon d’une dizaine de centimètres, émergeant d’une superposition de plateaux charnus. Puis nous voici à Stellenbosch à l’auberge de Bonne Espérance, et peu de temps plus tard au restaurant « Die ouwe Werf «  où de splendides bouquets de protéas réveillent l’ambiance un peu sévère de la salle.

A Montagu
Koo-Valley : chez Niel B., tracteur à l'arrêt
Koo-Valley : chez Niel B., tracteur à l’arrêt
Gérard herborisant à Koo Valley
Gérard herborisant à Koo Valley
Erica-grandiflora-au-cours-du-trek
Erica grandiflora au cours du trek
King-protea-passée
King protea passée
King-protea-en-boutons
King protea en bouton
Mimetes-cucullatus
Mimetes cucullatus
Trek-de-Koo-Valley-Arrêt-à-la-source
Trek de Koo Valley. Arrêt à la source
Trek-près-de-la-source-Bulbinella-sp
Trek près de la source : Bulbinella sp
Arrêt-au-refuge-au-cours-du-trek
Arrêt au refuge au cours du trek
Restionacée-près-du-refuge
Restionacée près du refuge
Restionacée près du refuge
Restionacée près du refuge
Restionacée près du refuge
Une autre restionacée près du refuge
Pelargonium-sp
Pelargonium sp
Drosanthemum-hispidum
Drosanthemum hispidum
Astéracée-près-du-refuge
Astéracée près du refuge
Astéracée près de la ferme de Niel B
Astéracée près de la ferme de Niel B
Autre-astéracée
Autre- astéracée
Tylecodon-paniculatus
Tylecodon paniculatus

Sur l’itinéraire d’aujourd’hui 7 décembre, est indiqué : journée libre. Alain doit-il se reposer ? Probablement et c’est normal… Mais comme par sa faute le programme a été chamboulé, que de surcroît nous avons pris du retard, il nous propose de nous emmener au jardin du Petit Karoo qu’hier nous aurions dû visiter. Nous ne partons cependant qu’à 9 h 45 et pour rejoindre le jardin nous empruntons la route la plus longue passant par « Du Toitskloof » à 823 mètres d’altitude et d’où nous pourrons jouir de belles vues sur la Berg River ainsi que sur Paarl. A 4 km du col dominant la vallée, Alain s’engage dans un chemin où il gare la voiture. « Nous pouvons herboriser quelque peu », nous dit-il. L’endroit est riche et agréable, ce qui est plutôt inhabituel lorsqu’il choisit le lieu de nos recherches. Des montagnes toute proches aux sommets déchiquetés, se détachent sur l’azur du ciel où s’effilochent quelques blancs nuages. Au loin s’étend la vallée de Paarl avec la ville éponyme, dominée par ses trois dômes de granite. Le paysage contemplé et photographié, nous herborisons. Le temps imparti étant court, nous nous contentons bien souvent de photographier le plus d’espèces possible sans forcément chercher à toutes les nommer. Une bruyère arbustive atteignant facilement 1,50 m de haut, semble recouvrir les terres. Il s’agit d’Erica plukenetii. Mais parmi ces éricacées, des protéacées inconnues se mêlent aux king proteas. Et voici deux astéracées : l’une d’elles qui peut atteindre un mètre de haut est Euryops abrotanifolius. Quant à l’autre, dont la rosette de feuilles rappelle un peu celle de certains pissenlits méditerranéens de chez nous, mais dont le reste de la plante présente un faciès bien africain, elle sera appelée Berkheya armata. Un drôle de «  géranium » nous attire : c’est Pelargonium longifolium. Puis de jolis petits bouquets de fleurs roses vus hier depuis le tracteur, peuvent être aujourd’hui observés de près, mais cependant restent toujours sans nom. Quant à ce que nous avions nommé Agaleptis dubia, il est actuellement impossible de trouver cette dénomination sur internet. Nous terminons ce court inventaire comme nous l’avons commencé, encore par une bruyère, Erica parviflora. En voiture de nouveau, depuis laquelle nous admirons Leonitis leonurus aux fleurs d’un orange éclatant.

Du-Toits-Kloof-Montagnes
Du Toits Kloof : Montagnes
Du-Toits-Kloof-Montagnes
Du Toitskloof : Vue sur les dômes de granite de Paarl
Erica-plukenetii-près-du-chemin-du-point-de-vue-sur-Paarl
Erica plukenetii près du chemin du point de vue sur Paarl
Euryops abrotanifolius
Euryops abrotanifolius
Berkheya armata
Pelargonium longiflorum
Plante non déterminée
Stoebe alopecuroides, peut-être
Erica-curviflora
Erica curviflora
Leonitis leonurus

Et nous voici au jardin du Petit Karoo qui n’a rien à voir avec les trois autres déjà visités. Il couvre une superficie de 144 ha dans une région semi-désertique. La visite commence non pas par une plante mais par un type d’habitat primitif appelé kookscherm où vivaient jadis les bergers du coin. Puis voici des euphorbes géantes, épineuses se détachant sur une sombre montagne. Ce sont des Euphorbia triangularis. Un peu plus loin croît un arbre des plus curieux de la famille de la vigne, celle des vitacées. Qui l’eut cru ! Ce spécimen original se nomme Cyphostemma juttae. Partout en sous-bois, pourrait-on dire, fleurissent en jaune, orangé ou rouge, de magnifiques Cotyledon orbiculata toujours vus avec grand plaisir. Quant aux bouquets écarlates d’Erithryna decorum, une curieuse fabacée, ils ne peuvent passer inaperçus. Et voici Sarcocaulon heritieri, sorte de géranium épineux faisant justement partie des génériacées. Ailleurs de belles touffes d’Euphorbes rappellent celles des Canaries : il s’agit ici d’Euphorbia caerulescens. Pour terminer ce petit aperçu, citons un aloès bien bizarre, Aloe ramosissima. Alors que nous quittons le JNK, passe devant nous un colibri au long bec fin et recourbé, au plumage vert émeraude et scintillant. Nectarinia famosa ou en anglais, malachite sunbird. C’est un excellent pollinisateur fréquentant l’Afrique depuis l’Éthiopie jusqu’à la Province du Cap. Nous aurions pu certes nous attarder en ce parc mais Alain veut, sans tarder, se rendre à Worcester afin d’y rechercher un restaurant. C’est dans un café proposant des repas qu’il porte son choix et, comme bien souvent, Odile et moi préférons pique-niquer. Bien installées sur un banc du vaste jardin public, nous jouissons d’une vue sur la blanche église hollandaise réformée qu’après notre repas nous allons visiter sous la conduite du pasteur qui, pour nous deux, est allé chercher les clefs. L’intérieur comme celui de nos temples huguenots, est très simple. La visite terminée nous retrouvons nos compagnons et regagnons la voiture et bien vite démarrons. Nous roulons alors à travers le Drakenstein et passons devant l’ancienne prison de luxe où fut enfermé Nelson Mandela durant les 9 années qui ont suivi ses 18 ans et demi de détention à l’îlot de Robben Island. Puis Alain nous conduit à l’ancienne mission moravienne. A proximité de l’église est édifié un village qui n’abrite que des artisans tous spécialisés dans ce qui se rapporte à la viticulture. Ensuite nous passons à Penn Ills où se trouve une ferme de protéacées. A 17 heures, nous retrouvons nos chambres agréables donnant sur les jardins de « Bonne Espérance Graot House » et à 20 heures nous nous rendons cette fois au restaurant italien le « Décaméron ». On y mange merveilleusement bien, mais c’est par trop abondant ! Les plats repartent à moitié pleins.

Cabane indigène du JBN Karoo
Euphorbes épineuses du JBN Karoo
Cyphostemma jutae JBN Karoo
Cotyledon orbiculata JBN Karoo
Erythrina decora JBN Karoo
Sarcocolon heritieri JBN Karoo
Euphorbia caerulescens JBN Karoo
Aloe ramosissima JBN Karoo
Worcester église hollandaise réformée
Église de la mission moravienne

(suite)

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